Mirage Il ne suffit pas d?habiter tout près d?une plage pour se croire privilégié. Les habitants de Bab El-Oued, Belouizdad et Raïs Hamidou pourront le confirmer. Depuis l?entame de la saison estivale, des milliers de jeunes et moins jeunes habitant ces quartiers se ruent tous les jours vers les plages de Padovani, Deux-Chameaux, l?Eden, Franco? situées près de chez eux. Inconscients, ils le sont au regard des sacs noirs flottant à la surface de l?eau et autres immondices répandus un peu partout sur le sable chaud et poussiéreux. Impuissants également, puisque ces estivants n?ont que ces espaces ouverts sur la Méditerranée pour se rafraîchir durant des journées où le mercure dépasse les 30 degrés au moins. «C?est que cela coûte cher d?aller plus loin», dira Yassine habitant le quartier de Bab El-Oued. Ce collégien de 14 ans, frêle à la peau hâlée par un soleil généreux, passe toutes ses journées à plonger et à jouer au ballon avec ses amis. L?avantage, dira-t-il, «c?est de pouvoir rentrer à la maison à l?heure du déjeuner», évitant donc «de faire des dépenses inutiles». Ce que confirme un père de famille venu faire plaisir à ses deux petites filles. «Il suffit juste de prévoir une baguette de pain et des portions de fromage question de tenir le coup en attentant de rentrer à la maison qu?on peut apercevoir d?ici.» Par ailleurs, le problème du transport ? hantise des estivants non véhiculés? ne taraude plus l?esprit de ce groupe de jeunes jouant aux dominos. C?est après avoir galéré l?été dernier que décision de ne plus s?éloigner de la maison fut prise. Finis donc les retours tard dans la soirée et les bousculades aux gares routières après une journée passée à la plage de Zéralda. Le porte-monnaie s?en sort également gagnant «puisqu?on n?a plus à payer le bus ou le clandestin», dira Rachid. Un bénéfice qui sera désormais investi en cassettes, confiseries et autres articles de nature à rendre la journée à la plage Padovani plus plaisante. Quant à la salubrité, nos interlocuteurs se rejoignent tous sur l?idée de venir très tôt au moment où les eaux sont plus claires. «La clarté étant gage de propreté, il est possible de se baigner en toute tranquillité», nous dira ce septuagénaire fidèle à la plage Padovani depuis sa tendre enfance.