L'enterrement aura lieu demain, dimanche, au cimetière du village de ses ancêtres Agouni Ahmed, à Béni Yenni, cette région du sud-est de Tizi Ouzou qui a vu naître aussi l'inénarrable Mouloud Mammeri. Cet homme de lettres, connu pour sa simpli-cité, est né le 1er mai 1935 à Tirmitine, dans la localité de Draâ Ben Khedda, à 10 kilomètres à l'ouest de la wilaya de Tizi Ouzou. Comme son père, il est devenu instituteur à Alger, puis en Kabylie, avant d'être professeur de collège. Il a été ensuite nommé directeur du CEM Larbi Mezani dans son village. Militant de la cause nationale, il a été arrêté et torturé dans une salle du collège de Béni Yenni qui, des années plus tard, deviendra son bureau de directeur. A l'indépendance, il enseigne à l'école de Panorama à Hussein Dey et également dans de nombreux villages et villes de Kabylie, à l'exemple de Adni, dans la localité de Tizi Rached, avant de se fixer à Béni Yenni. Le parcours de cet éminent homme de lettres débuta par la publication de son premier roman intitulé La gardienne du feu sacré en 1980 aux éditions ENAG. Après sa retraite, il revient dans le monde de l'édition en publiant coup sur coup La vengeance du mort en 2009 aux Editions Nounou et L'ermite du Djurdjura et Raconter Ath Yani aux Editions Amel. Le premier roman d'Amar Metref est un récit entièrement consacré au ressenti des femmes, mères, épouses, sœurs, esseulées dans les villages dépeuplés de leurs populations mâles, les jeunes surtout, en quête de travail dans l'ex-métropole coloniale. Après la tragédie du typhus de l'année noire de 1936/37, les effets désastreux de la Seconde Guerre mondiale accentuent l'émigration et la paupérisent davantage. Ancré dans ce contexte socio-historique, le roman s'inspire de l'une des figures mythiques de la Grèce antique : les vestales. Ce roman raconte donc l'intimité d'une famille de paysans de haute montagne, qui vit le départ imminent de leur fils unique, Arezki, paysan, propriétaire d'une paire de bœufs, à un moment d'un fort afflux au port d'Alger pour la route de l'exil. Comme l'exige la tradition, le prétendant à l'émigration ne peut partir sans être marié : une garantie de son retour et surtout celle d'être un bon travailleur et fils de famille. La vieille Melha, la mère d'Arezki, ne mourra donc pas sans avoir l'autorité sur sa bru, la jeune et belle Sekoura, sitôt mariée, sitôt esseulée. Le deuxième roman La vengeance du mort qui aurait pu s'intituler, comme écrit dans l'avant-propos de ce livre, «Crime et châtiment», retrace un récit qui relate des histoires de vengeance perpétuée par une déception sans attentes préalables, l'amour. La trame de cet ouvrage gravite autour d'une folie passionnelle qui conduit à la mort de deux jeunes hommes, Saïd et Abdelkader, et à la démence d'une jolie fille dont le seul crime est d'être l'objet de l'amour de deux individus. L'Ermite du Djurdjura, pour sa part, raconte la vie de Ramdane, né à la fin du XIXe siècle à Agouni Ahmed, village des Aït Yenni, qui deviendra l'un des principaux rédacteurs de La Voix des humbles, tribune des instituteurs dits indigènes, sous le pseudonyme de l'Ermite du Djurdjura. Ce roman retrace une une époque de l'histoire de l'Algérie coloniale, de la fin du XIXe siècle jusqu'à l'indépendance, soumise à l'asservissement et au mépris du colonat. Dalila I.