Succès ■ C'est dans la douleur que l'Entente de Sétif s'est adjugée la Ligue des champions africaine après son nul en finale retour (1-1) face aux redoutables congolais de l'AS Vita Club. L'issue a été longue et éprouvante pour l'équipe sétifienne, ses supporters et tout le public algérien qui a suivi, hier au stade Mustapha-Tchaker de Blida, la finale retour de la Ligue des champions africaine face à l'AS Vita Club de la RD Congo. Les hommes de Kheireddine Madoui ont bien confirmé l'adage footballistique qui dit : une finale ça ne se joue pas, ça se gagne ! Et c'est ce qu'ont fait les Ententistes au bout de leur match nul (1 à 1) face à une coriace formation congolaise qui a dominé la majeure partie de la rencontre, mais qui a payé son faux pas à domicile (2 à 2), il y a une semaine à Kinshasa lors de la manche aller. Les Algériens ont pourtant bien entamé les débats avec un pressing sur les bois gardés par Nelson Lukong qui aura duré une dizaine de minutes et une bonne occasion d'ouvrir le score suite à un corner obtenu par Younès. Mais, laissant passer l'orage, les Congolais vont reprendre progressivement les rênes de la partie en imposant leur rythme et un ascendant sur la défense sétifienne. Les poulains d'Ikwanga Ibenge vont d'ailleurs prendre possession de l'entrejeu, ce qui leur permettra de lancer quelques tentatives dangereuses, comme ce tir mal cadré à six minutes de la pause. Les joueurs de l'ESS, eux, sont apparemment tétanisés par l'enjeu en ce 60e anniversaire de la célébration du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954. Au retour des vestiaires, l'Entente est toujours championne d'Afrique et elle le confirmera davantage après le but de Younès qui intercepte un ballon au second poteau suite à un débordement et un centre du côté droit de Belameiri (49'). Cette réalisation va faire sortir le stade Mustapha-Tchaker de sa torpeur, malgré des tribunes archicombles que l'enjeu a sérieusement anesthésié. Malheureusement, les Sétifiens ne sauront pas préserver longtemps leur avantage puisque sur une action partie du flanc droit, Luvumbu centre, mais Demmou s'interpose, le ballon est détourné vers Mabidi, curieusement seul à l'entrée de la surface pour exécuter une frappe qui ne laisse aucune chance au gardien Khedaïria (53'). C'est le troisième but de Mabidi face à l'Entente en moins d'une semaine. Le match reprend alors sa physionomie de la première période, avec une équipe du Vita Club qui monopolise le jeu et qui tente de contourner la défense sétifienne par les côtés. Passée l'heure de jeu, Madoui procède à son premier changement avec la rentrée de Benyettou à la place de Ziaya, qui a été l'ombre de lui-même, puis dans les dix dernières minutes Lamri et Raït en remplacement de Belameiri et Djahnit. Ce coaching va permettre à l'équipe de reprendre son équilibre et de colmater toutes les brèches, privant les joueurs congolais d'espaces pour parvenir à ajouter ce second but synonyme de sacre. Les minutes vont s'avérer très longues pour les Algériens qui dégagent la balle comme ils peuvent jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre gambien Bakary Papa Gassama qui va libérer tout le monde d'une pression insoutenable qui a obligé l'Entente de laisser la manière au vestiaire. De cette consécration sétifienne, il faudra en retenir le parcours qui a été héroïque pour une équipe sur laquelle rares sont ceux qui auraient parié de la voir à une telle enseigne. Le mérite revient incontestablement à tous ceux qui ont contribué à atteindre cet objectif, que ce soit le président Hassan Hammar, les dirigeants et autres hommes de l'ombre, ou bien le staff technique et à sa tête le jeune entraîneur Madoui et bien évidemment tous les joueurs qui ont cru en leur bonne étoile jusqu'au bout de l'aventure. Bravo l'Entente et à bientôt lors de la Coupe du monde des clubs au Maroc. A. Salah-Bey Fiche technique Stade Mustapha-Tchaker de Blida, temps très agréable, pelouse en bon état, public très nombreux (gradins archicombles). Arbitrage de Bakary Papa Gassama (Gambie) assisté de Dickory Jawo (Gambie) et Evarist Menkouande (Cameroun). Buts : Younès (49') ESS - Mabidi (53') Vita Club Avertissements : Zé Ondo (63') ESS - Mubele (48'), Munganga (51') et Kasereka (90'+2') - Vita Club.
AS Vita Club : Lukong, Bawaka, Ebunga, Mouegni, Luvumbu Nzinga, Basisila (Déo Kanda 74'), Omba Munganga, Mabidi, Dayo, Mbangi, Sentamu (Kasereka 90'+1'), Ndombe Mubele (Ngudikama 81') Entraîneur : Ikwanga Ibenge Le coach Madoui : «Il y avait des hommes sur le terrain» «Le match a été difficile, face à un adversaire qui n'avait plus rien à perdre. Mais nous avons bien géré la situation, malgré les nombreuses défections, et la blessure de Ziaya, qui a joué avec une côte cassée. Mais il a été courageux, et son remplaçant, Benyettou, a apporté une grosse bouffée d'oxygène à l'équipe après son entrée en jeu. Je pense qu'on a fait le plus gros du travail au match aller et il ne nous restait plus qu'à le terminer, ici à Blida. Mais cela n'aurait pas été possible sans le dévouement et l'abattage des joueurs, qui ont été des hommes sur le terrain. C'est un honneur pour moi d'avoir remporté un titre aussi prestigieux à seulement 38 ans. C'est une immense fierté pour moi. Mais je tiens à dire que seul, je n'aurais jamais réussi. C'est donc la victoire, des dirigeants, des joueurs, des supporters, et tous ceux qui ont apporté une pierre à l'édifice, de près ou de loin». Le président Hamar : «C'est la victoire de tout le peuple» «J'ai du mal à trouver les mots pour exprimer la joie et la fierté que je ressens en ce moment. C'est un formidable exploit que nous venons de réussir, pas uniquement pour la ville de Sétif, mais pour toute l'Algérie. Cette Ligue des champions, nous la dédions à tout le peuple algérien, ainsi qu'à nos valeureux martyrs, en ce 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Je tiens également à remercier les autorités locales, qui nous ont apporté l'aide nécessaire au moment opportun et mis à notre disposition tous les moyens utiles». L'adversaire Ibenge : «Je félicite l'ESS, elle mérite sa consécration» «Sincèrement, je suis déçu par notre sort car réussir le nul lors des deux matches sans remporter le trophée constitue pour nous une grosse déception. Je pense que mon équipe a livré un bon match ce soir (hier, ndlr) contre un adversaire qui n'était pas au mieux de sa forme par rapport à la finale aller. Nous avons bien géré la rencontre et l'équipe a tout donné lors des 20 dernières minutes de la partie pour marquer ce second but indispensable pour la victoire, malheureusement nous n'avons pas réussi à l'inscrire. Nous avons laissé passer notre chance lors de la finale aller où mon équipe avait raté son match en raison notamment de la grosse pression sur mes joueurs. On pouvait gagner ce samedi mais notre attaque n'a pas bien tourné et le bloc défensif de l'adversaire a bien fonctionné. C'est ça le football. Je félicite l'ES Sétif pour sa consécration, elle est méritée». Le buteur Younès : «Je savoure avant de penser au Mondial» «Le match n'était pas d'un bon niveau technique, mais c'est compréhensible, car l'enjeu était tellement important que les deux antagonistes ne pouvaient se permettre de prendre trop de risques. En plus, le résultat du match aller représentait un score piège pour les deux équipes, faisant que l'ESS, tout comme Vita Club devaient gérer intelligemment ce match retour. Même si on a un peu subi le jeu en 2e mi-temps, nous avons toujours gardé notre sang-froid, en évitant de commettre des fautes. Nous avons eu des hauts et des bas, mais à aucun moment nous n'avons versé dans la précipitation, que ce soit en attaque ou en défense. Concernant le but que j'ai marqué, c'est tout simplement le plus important de ma carrière, et je le dois essentiellement au coach, car c'est grâce à ses consignes tactiques que j'ai pu me retrouver au bon endroit pour reprendre le ballon. Pour l'instant, je ne pense pas encore à la Coupe du monde des clubs. Je préfère commencer par savourer pleinement cette Ligue des champions».