Danger ■ Les cyborgs ne sont nullement à l'abri d'un piratage, préviennent des spécialistes de la sécurité informatique. Les robots, qui sont déjà présents dans les usines, le seront un peu partout dans les années à venir : à l'école comme au marché, à la maison comme à l'hôpital, au bureau comme sur le chantier. Si cette omniprésence est du goût des employeurs, elle n'est pas faite pour plaire aux employés dont les représentants commencent déjà à tirer la sonnette d'alarme. D'après eux, l'automatisation du travail nous mènera droit dans le mur, à terme. «Cela entraînera la perte de millions de postes de travail à travers le monde. Le comble est que la robotique n'est pas connue pour être un secteur créateur d'emplois. Il ne faudra pas s'attendre donc à ce que les postes d'emploi, qui seront perdus, soient compensés», conjecturent-ils. Outre cet impact sur l'emploi, certains redoutent que les robots soient piratés comme le sont déjà bon nombre de logiciels, de sites internet et d'ordinateurs. Certes, il y a très peu de chances qu'un cyborg, qui aide les personnes âgées ou handicapées dans leur vie quotidienne, intéresse les hackers. En revanche, un «robot tueur» capable de détecter des cibles et de prendre la décision de les détruire sans la moindre intervention humaine ne doit pas les laisser indifférents. En Norvège où ce projet est actuellement mené par le groupe Kongsberg, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le gouvernement qui finance ce programme d'armement «plus que dangereux». Car au-delà du risque de piratage, ces «machines de la mort» pourraient devenir hors de contrôle sachant que l'humain n'intervient pas dans le processus de détection des cibles et de prise de décision (les détruire ou pas). En Belgique, ce sont les robots utilisés dans la plupart des grands hôpitaux pour préparer les doses des patients, ranger les boîtes de médicaments et aller les rechercher, qui inquiètent le président du Club de la sécurité informatique. «Si quelqu'un parvient à avoir accès au réseau de l'hôpital, il peut avoir accès au matériel connecté», souligne-t-il. Selon lui, ces appareils ne sont nullement à l'abri d'un piratage. «La plupart n'ont pas été conçus avec tous les dispositifs de protection. Bien souvent, les mises à jour logicielles ne sont pas faites et on peut bien exploiter les failles les plus anciennes», fait-il remarquer. Imaginez un hacker pirater l'un de ces cyborgs et remplacer les médicaments prescrits à un malade par d'autres. Qui sera tenu pour responsable des dommages qui pourraient être occasionnées au patient ? La machine, son fabricant ou l'hôpital ? Au jour d'aujourd'hui, ces questions restent sans réponses.