Promesse ■ Michel Kafando a été officiellement investi vendredi président intérimaire du Burkina Faso... Trois semaines après la chute de Blaise Compaoré dont il a conspué le régime marqué par "l'injustice" et la "gabegie", promettant de «régler bientôt» des «comptes». Le désormais président de la transition, s'est montré très ferme lors de son premier discours, fustigeant le régime de Blaise Compaoré. Les dérives du régime du président déchu Blaise Compaoré, seront punies, a promis le président intérimaire du Burkina Faso, dans son discours d'investiture. Dénonçant un régime gangréné par "l'injustice", la "gabegie", la "corruption", il a alors averti, s'attirant les vivas de la foule : "Avec ceux qui ont méprisé cette justice et qui pensent qu'ils peuvent dilapider impunément le denier public, nous réglerons bientôt les comptes". Il l'a pourtant représenté alors qu'il œuvrait de 1998 à 2011 auprès des Nations unies en tant qu'ambassadeur du Burkina. "Nous entendons ramener la morale à la première place dans l'exercice du pouvoir politique", a lancé Michel Kafando, dans un discours véhément à l'encontre du régime déchu, marqué selon lui par des "richesses inexpliquées", des "privilèges indus" et des "avantages oligarchiques". "Le message du peuple est clair et nous l'avons entendu : plus jamais d'injustice, plus jamais de gabegie, plus jamais de corruption", a affirmé M. Kafando. Michel Kafando, de nature plutôt réservée et au profil de technocrate, a envoyé un autre signal fort en annonçant des investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara, tué lors du putsch qui porta au pouvoir en 1987 Blaise Compaoré. Une mesure très populaire, de nombreux jeunes ayant contribué à chasser l'ex-président se revendiquent du "sankarisme". "Au nom de la réconciliation nationale, j'ai décidé (...) que les investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara seront (menées)", a déclaré le président Kafando lors de son discours d'investiture. La famille Sankara demande depuis 1997 l'exhumation du corps de ce héros national, qualifié de "Che africain", pour s'assurer que le corps enterré est bien le sien, ce que la justice burkinabè n'a jamais accepté. Le dernier refus date d'avril 2014, quand elle s'était déclarée incompétente, provocant la colère de l'avocat Bénéwendé Sankara, qui avait dénoncé une justice "aux ordres". R.I./Agences Une passation de pouvoir et des interrogations Michel Kafando, vêtu d'un costume noir et le visage souvent fermé, a reçu le pouvoir des mains du lieutenant-colonel Isaac Zida, l'homme fort du pays depuis la chute de Compaoré, qui restera Premier ministre. M. Zida, treillis et béret rouge, a transmis le drapeau burkinabè à M. Kafando, qui l'a ensuite brièvement agité en direction de la foule réunie au Palais des sports de Ouagadougou, tendu aux couleurs verte, jaune et rouge du pays. La solennité de l'instant, après 27 années de règne de Blaise Compaoré, contraint à la démission le 31 octobre par la rue, n'a cependant pas ecclipsé une question primordiale : de quelle marge de manœuvre disposera ensuite M. Kafando avec un tel bras droit ?