Drame ■ Des hommes et des femmes de tous âges, voire des adolescents, se serrent les uns contre les autres pour avoir chaud. C'est le vécu des sans domicile fixe. La journée internationale de l'Humanité, coïncidant avec le 20 décembre de chaque année, a été l'occasion pour le Croissant Rouge Algérien (CRA) de mener, dans la soirée de samedi dernier, une opération de solidarité en direction des SDF de la ville d'Oran. L'opération, dite de secours, a consisté à offrir aux SDF des repas chauds, ainsi que des couvertures et des vêtements pour les prémunir du froid en ce début d'hiver glacial. L'opération a eu lieu, entre 18 heures et 20h 45, en collaboration avec les services de la Sûreté de la wilaya et de la Protection civile. Mais les préparatifs ont commencé bien avant au siège du CRA, sis au boulevard de l'ALN (front de mer). La préparation des repas a été entamée au siège même du CRA par des bénévoles, dès la fin de la matinée. Au fur et à mesure que l'heure avançait, une activité intense régnait au siège du CRA devenu une véritable ruche. Les bénévoles s'activent avec chacun une tâche prédéfinie. Certains, notamment des femmes, préparent les repas et d'autres répartissent les rations. D'autres encore emballent les couvertures et les vêtements chauds qui seront distribués aux SDF. Les bénévoles sont tous rodés à ce genre d'opération, chacun sachant ce qu'il doit faire. La «machine» est bien huilée. Et les profils de ces bénévoles sont nombreux : des enseignants, des agents d'administrations, des étudiants et même des chômeurs, et de tous les âges. Vers 18 heures, un briefing a lieu au bureau du président du CRA, réunissant tous les bénévoles, ainsi que les représentants de la sûreté et de la protection civile, pour arrêter l'itinéraire et les points de distribution définitifs. Quelques minutes plus tard, il fait déjà nuit et le cortège s'ébranle en direction du premier point, non loin du centre de rééducation, sis à M'dina Djedida où des SDF, une douzaine environ, ont élu domicile. Les SDF sont à peine visibles. L'endroit est relativement obscur. Au début, ils sont impressionnés par les gyrophares des véhicules de police et de la protection civile et tentent, autant que faire se peut, de se dissimuler aux regards derrière les nombreux arbres sur le large trottoir qui jouxte la maison d'arrêt, puis peu à peu sortent de l'ombre en réalisant que des bénévoles du CRA sont venus leur offrir des repas, des vêtements et des couvertures. Quelques sourires illuminent quelques visages. Un repas chaud en cette nuit froide est le bienvenu et réconfortant, et un mot de gentillesse tout autant. Des petites disputes éclatent cependant entre les SDF concernant les couvertures. Chacun veut être servi le premier. Quelques minutes plus tard, tout rentre dans l'ordre. Curieusement, les SDF sont très peu loquaces. C'est à peine s'ils consentent à «dévoiler» leur âge et leurs wilayas d'origine. Sur les raisons de leur déchéance, motus. «El hamdou lillah, merci, Dieu vous récompensera» : c'est à peu près tout ce qu'on peut en tirer. Mais tous sont unanimes sur un point : ils voudraient bien passer les nuits d'hiver dans un centre, bien au chaud, mais refusent cependant d'y rester 24 heures durant.