Position ■ Le Premier ministre et son ministre de l'Energie ne semblent pas avoir «la même vision» des choses s'agissant de l'exploitation du gaz de schiste. Le discours des deux responsables est quelque peu discordant. Le gouvernement n'a «délivré aucune autorisation d'exploitation de gaz de schiste en Algérie. Le programme de recherche des ressources de gaz non conventionnels est défini comme suit : projet pilote de prospection Ahnet, réalisation de deux forages chacun pour étudier les réserves de gaz non conventionnels dans cette zone», a écrit hier vendredi, Abdelmalek Sellal sur sa page Facebbok estimant que «l'exploitation du gaz de schiste n'est pas du tout à l'ordre du jour du gouvernement algérien». Il vient ainsi «recadrer» Youcef Yousfi, qui a affirmé la veille, dans son intervention sur la chaîne Ennahar que «nous n'avons pas d'autres choix que d'explorer de nouvelles ressources énergétiques». L'Algérie, a-t-il indiqué, ne peut pas compter éternellement sur les deux bassins de Hassi Messaoud et de Hassi R'mel» avant de livrer une confidence appuyant l'exploitation du gaz de schiste. «Pour être franc avec vous, la production à Hassi R'mel a diminué», a reconnu Yousfi Yousfi, qui a défendu tout au long de l'émission l'option de l'exploitation, a souligné que «les études ont prouvé que les réserves d'hydrocarbures non conventionnels du sous-sol algérien sont considérables». Elles représentent, selon ses dires, «dix fois les réserves du bassin de Hassi R'mel». Le recours au gaz de schiste permettra à l'Algérie de «diversifier son économie, de financer des projets dans la santé, l'habitat, l'éducation», a encore dit le ministre de l'Energie qui est allé loin dans ses propos accusant ceux qui s'opposent au gaz de schiste de «ne pas vouloir du bien pour l'Algérie». Pour Youcef Yousfi, ceux-là, veulent «déstabiliser et le pays». «Je ne parle pas de personnes qui sont dans le pays mais des personnes qui sont à l'étranger», a encore soutenu le ministre estimant que «certains pays aussi ne souhaitent pas que l'Algérie soit une puissance énergétique». Ces déclarations interviennent au moment où la liste des villes et localités protestant contre l'exploitation s'est allongée jeudi dernier dans le Sud du pays. A Tamanrasset, le mouvement de protestation s'est poursuivi par l'organisation d'une imposante marche avec la participation notamment de collégiens, lycéens et étudiants, qui ont emprunté, depuis le centre universitaire Hadj Moussa Akhamoukh, les grandes artères de la ville, scandant des slogans rejetant l'exploitation du gaz de schiste dans la région, avant d'observer un sit-in devant le siège de la wilaya. Ce mouvement de protestation qui a paralysé l'activité commerciale, avec la fermeture des locaux commerciaux sur les grandes artères de la ville, a donné lieu également à un rassemblement des protestataires au niveau du carrefour du quartier Tahaggart où ont été hissées des banderoles appelant à la suspension du projet d'exploitation du gaz de schiste dans la région d'In-Salah. Des centaines de citoyens sont sortis également à Ouargla pour exprimer leur rejet, eux aussi, du projet de l'exploitation du gaz de schiste dans le sud du pays. Dans la ville de Djanet, wilaya d'Illizi, des citoyens ont, lors d'un sit-in devant la salle de cinéma Tassili, scandé des slogans rejetant le projet d'exploitation du gaz de schiste dans la région d'In-Salah, avant de poursuivre leur mouvement par une marche à travers l'artère principale de la ville. C'est dire que toute «les assurances» des hauts responsables qui se sont déjà exprimés à ce sujet n'ont jusque-là pas calmé les craintes des populations.