Résumé de la 36e partie ■ Sitôt que les doigts de Jonathan rencontrèrent le clavier son cerveau passait à la vitesse supérieure. Quel est le mot de passe de ta boîte à lettres électronique ? (L'instant d'après, un nouveau message apparut à l'écran.) Tiens, tiens, dit Jonathan, j'ai comme l'impression que notre plaisantin t'a encore écrit. Charlotte jeta un coup d'œil à l'écran par-dessus l'épaule de Jonathan. «Rien de plus facile que d'approcher ces trois bonnes femmes. Et il m'est encore plus facile de t'approcher, Charlotte.» — Il t'appelle Charlotte, dit Jonathan. Ce qui veut dire qu'il te connaît. — Ou qu'il veut me le faire croire. S'il m'appelait par mon vrai prénom, encore, je ne dis pas. Jonathan sortit une bobine de fil électrique, des clips de raccordement et une paire de pinces coupantes de son sac. — J'irai faire un tour du côté de l'installation téléphonique dès que tu m'auras procuré les plans de l'usine. Il avait dit cela d'une voix pincée et saccadée qu'elle connaissait bien. Il était furieux. Mais contre qui ? Elle ? Les circonstances ? — Crois-tu pouvoir te les procurer bientôt ? — Oui, ils sont dans mon bureau. Saisissant précipitamment son fourre-tout, elle tourna aussitôt les talons. — Je n'en ai pas pour longtemps. Jonathan la regarda traverser le musée pour gagner la sortie. En chemin, elle s'arrêta subitement devant une vitrine. Il en profita pour la détailler. Charlotte était encore belle malgré les années. Elle avait toujours ses longs cheveux noirs hérités de ses ancêtres chinoises et ses yeux verts étincelants qu'elle tenait de son grand-père américain. Mais la vilaine frange qui lui barrait jadis le front avait disparu. Aujourd'hui ses cheveux partagés au milieu et retenus par une barrette en or formaient un long ruban noir qui tombait gracieusement entre ses épaules. Elle était plus grande que ses ancêtres chinois, mais avait hérité de la silhouette gracile de sa grand-mère, une silhouette à laquelle le cheongsam seyait mieux que les blue-jeans. Il se remit soudain à penser au jour où ils s'étaient rencontrés pour la première fois, vingt-six ans plus tôt, à Pacific Heights. Ce jour scintillait toujours dans sa mémoire, comme l'un des précieux vestiges contenus dans les vitrines du musée. Jonathan était souvent passé devant la maison au portail orné d'un croissant de lune et flanqué de deux chiens de pierre. Une maison enveloppée de mystère. Et puis un jour il avait aperçu un visage qui l'observait depuis une fenêtre. Après cela, il ne l'avait plus revu que de temps à autre, ce visage grave aux pommettes saillantes qui l'observait quand il se rendait au lycée. Un jour, dans le parc, la tristesse qui lui étreignait le cœur était devenue tellement insupportable qu'il s'était assis sur un banc et avait enfoui sa tête dans ses genoux pour pleurer toutes les larmes de son corps. A suivre