Expression ■ L'exposition collective hommage à Nouredine Chegrane, qui se tient au centre culturel Mustapha Kateb (place Audin), pourrait s'intituler mille et un dialogue du signe. La douzaine de plasticiens ayant, d'un commun accord initié cette première édition d'arts plastique dédiée au «Signe» ont chacun et chacune usé sur leurs toiles du signe - symbole, premier graphisme humain gravé sur la pierre. Il se perpétuera au cours de la marche sans retour du temps jusqu'à s'inscrire sur la peau humaine pour se vêtir d'une autre symbolique définissant les appartenances sociales et ou religieuses des individus. Ainsi sont nés les tatouages ou «Awcham» devenus un jour, emblème d'artistes algériens à la fin des années 60. Nouredine Chegrane à qui est consacrée l'expo, fait partie des artistes - peintres ayant opté pour ce nouvel art de la peinture du signe. Présent avec deux grandes réalisations, sans aucun châssis, libres les toiles du maitre en l'occurrence Chegrane «Salutations et Le signe en liberté» définissent le langage primitif et foisonnant sous toutes ses devises, ce qui fera dire un jour «Le signe est omniprésent dans mes œuvres, je l'exploite et je le rends personnel à partir du mouvement que j'imprime à ma peinture». Tous les peintres ont redéfini selon leur concept, la vue qu'ils ont du signe. Métaphores, allégories, allusions, symboles, les artistes ont fait foison d'évocations en réalisant par la palette, les tons, la recherche des formes et des couleurs, une création plasticienne représentative de tout un monde symbolique et magique. «Lettres en tifinagh, jumeaux, la cohésion» sont des toiles que l'on doit à H. Khelifi. Zahia Kaci, entretient un lien invisible qu'elle seule perçoit avec la représentation d'une main magique et de l'œil. La femme ex voto, ainsi peut-on lire les représentations de Guemroud qui donne un travail de recherche dans la couleur et la minutie. Karim Sergoua explore l'innocence avec son œil intérieur. Le blanc domine, couleur également de linceul, jusqu'à authentifier des silhouettes franches et énigmatiques. Le concept du corps de la femme, secret, enfoui dans les signes, que seul un regard scrutateur peut deviner, c'est cela aussi Sergoua. Mausolée, lieux saints, coupoles et dômes sont l'hommage de Hamouche à Rabah et Hocine Asselah . Au terme du témoignage du peintre au père et au fils tués le même jour, une autre œuvre représentant deux cœurs stylisés unis par la partie inférieure et fusionnant encore par delà la mort. Djenane Zola, c'est l'emploi abondant des ocres, des flammés et des tons chauds employés en des insignes. Saliha Khelifi, Ahmed Stambouli, Nacib ainsi que tout le groupe ont donné au signe une valeur évocatrice et mystique .Les objets usuels, réels dans la vie, renaissent en une fonctionnalité artistique symbolique pour la postérité du patrimoine ancestral.