Le signe est la thématique centrale autour de laquelle s'articule l'exposition d'arts plastiques qui s'est ouverte samedi après-midi au Centre Arts et Culture d'Alger. Constituée de 45 oeuvres réalisées selon plusieurs techniques, notamment peinture à l'huile et techniques mixtes avec utilisation de différentes matières et matériaux telles que l'encre et les diverses peintures, cette série met en valeur la richesse du signe ancestral présent sur les objets d'artisanat, notamment la poterie et la tapisserie. Lors de cette exposition ouverte au public jusqu'au 5 mars, Noureddine Chegrane a donné un aperçu de ses dernières créations avec l'introduction de couleurs chaudes (ocre, rouge, orange) et d'une calligraphie en gestuelle. «Déjà, dès mes débuts, j'étais dans le signe sans m'en rendre compte», a confié cet artiste qui avait fait partie du mouvement artistique «Aouchem», ajoutant que «le geste en peinture est important dans le trait et dans la tâche». Noureddine Hamouche, lui aussi, a innové en remplaçant le support classique, constitué par la toile, par des planches à laver rehaussées de signes du terroir et de miroirs et d'abzim (broches en argent incrustées de corail). L'artiste, qui se dit «passionné par la culture ancestrale», a aussi réalisé des aquarelles gouaches en reproduisant des gravures du Tassili, auxquelles il a donné une touche personnelle de par les tons et la composition. Le Tassili a aussi inspiré le plasticien Madjid Guemroud qui a peint une oeuvre reprenant uniquement les personnages qu'il a schématisés selon, a-t-il expliqué, «une vision artistique moderne». Compositeur de couleurs chaudes, Guemroud a ainsi revisité le signe et d'autres symboles anciens qu'il a «fixés» dans des oeuvres très contemporaines, dans la forme, mais toujours peintes dans des couleurs terre en rapport avec le patrimoine culturel matériel. Smaïl Metmati, cet autre «amoureux du patrimoine», a présenté quelques-unes des calligraphies en tifinagh conçues dans le cadre de son travail de recherche plastique. «J'ai utilisé «el qalam» (plume traditionnelle en roseau) pour rester dans l'authenticité et donner un aspect plus esthétique à mes tableaux», a expliqué l'artiste qui a utilisé beaucoup de matières (argile, enduit, colle...) et une gamme de couleurs chaudes pour «donner plus de relief» à ses oeuvres. Pour sa part, Ahmed Ben Youcef Stambouli, a préféré faire une lecture plus contemporaine du signe et des symboles du Maghreb en y incluant des pictogrammes (dessins utilisés comme signes graphiques) composés à partir de personnages portant des vêtements traditionnels comme la «chéchia» (couvre-chef) ou le «seroual» (pantalon), le tout peint dans des tons très contrastés. «J'ai aussi fait appel aux tatouages que portaient sur leur front et sur le dos de la main nos grands-mères», a indiqué Stambouli qui a aussi introduit des éléments de la culture africaine. La culture africaine, notamment la palette de couleurs, est également présente dans les tableaux de la peintre Djenane Zola qui a aussi mis en valeur la richesse et la beauté des signes ancestraux. «Le signe, présent sur les murs des maisons d'antan, dans nos tapis et notre poterie, est ma source d'inspiration», a souligné l'exposante qui a repris, elle aussi, le tifinagh mais stylisé afin, a-t-elle dit, de «lui donner un aspect contemporain, mais tout en gardant son authenticité».