Résumé de la 2e partie n Les deux policiers reviennent au cottage où ils retrouvent Mlle Le Neve, plus mal à l'aise que jamais… Pourriez-vous préparer une note donnant les caractéristiques physiques et tous les renseignements que vous avez sur votre épouse ? Nous la diffuserons aux Etats-Unis. — Certainement. — Vous est-il possible de passer demain à Scotland Yard ? Le dentiste accepte, et les deux policiers prennent congé. Le sergent Mitchell intérroge son supérieur : — Vous le croyez coupable ? — Oui, mais je pense aussi qu'on ne trouvera pas de preuve contre lui. Des criminels qui échappent à la police, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. — Cette note que vous lui avez demandée, c'est un piège . — Pas du tout. On ne peut pas exclure l'autre hypothèse. Des femmes qui quittent leur mari, cela existe aussi. — Alors, l'affaire va être classée ? — A moins que survienne un fait nouveau ou qu'il commette une grosse erreur. Et c'est exactement ce qui va se passer ! Alors qu'il suffisait à Harvey Crippen d'apporter sa note à Scotland Yard pour être définitivement tranquille, dès le départ des policiers, il perd la tête. Il quitte précipitamment Londres, en compagnie d'Ethel Le Neve, n'emportant que quelques bagages et une grosse somme d'argent. Inutile de dire que, lorsque sa disparition est connue, les grands moyens sont employés. Cette fois, c'est une armée de policiers, équipés de pelles et de pioches, qui investit le cottage. Le jardin est entièrement retourné, la maison presque démolie. C'est ainsi qu'on découvre une petite niche derrière un des murs de la cave. Elle semble vide mais, en creusant, on retire un magma de chair humaine et de tissu rose. Malgré la décomposition, on parvient à reconnaître un buste de femme. On ne retrouvera jamais la tête et les membres. C'est tout ce qui reste de Belle Elmore. Un avis de recherche est lancé en Angleterre et à l'étranger, avec pour récompense la coquette somme de 250 livres, pour toute personne fournissant un renseignement. Du coup, en quelques jours, les lettres affluent, non seulement en provenance d'Angleterre, mais d'autres pays, comme la France, la Suisse, l'Espagne et la Belgique. L'inspecteur principal Dew cherche prioritairement un couple qui se serait embarqué pour l'Amérique du Nord ou du Sud. D'après lui, Crippen, qui a beaucoup d'argent, va tenter de refaire sa vie dans le Nouveau Monde. Mais rien ne correspond, à part, peut-être, une indication venue d'Anvers, selon laquelle, un M. Robinson et son fils se sont inscrits en dernière minute sur un paquebot américain, le Monrose, en partance pour Montréal. Pourrait-il s'agir du médecin et de sa secrétaire ? En apparence, cela semble impossible à vérifier, mais il se trouve qu'en ce mois de mai 1910, Scotland Yard vient de se doter d'un matériel tout nouveau : un poste de radio émettant et recevant en morse. Comme tous les grands bateaux, le Monrose a la radio. L'inspecteur Dew lui fait donc envoyer le message suivant, de la part de Scotland Yard : «Pouvez-vous nous donner des précisions sur l'apparence physique de deux de vos passagers, M. Robinson et son fils ?» La réponse vient peu après, sous forme de sons longs et brefs, que traduit le technicien. Elle émane du capitaine lui-même et elle confirme les soupçons de l'inspecteur : «Les Robinson ont un comportement bizarre, ils ont l'air inquiet et ils se prodiguent des marques d'affection qui ne sont pas normales entre un père et un fils. Les marins ont tout de suite pensé que c'était un couple homosexuel déguisé.» A suivre