Résumé de la 3e partie n Le docteur Crippen et sa secrétaire pris de panique, prennent la fuite. Sur ce, Scotland Yard et après une fouille minutieuse du domicile, retrouve les restes de Cora Crippen... L'inspecteur principal Walter Dew peut triompher à juste titre. Non seulement son intuition était la bonne, mais il vient de réaliser une innovation en matière policière : c'est la première fois qu'une enquête criminelle aboutit grâce à la radio ! Cela dit, il reste quand même un doute infime. Il propose à ses chefs d'aller opérer l'arrestation en personne. Lui, il connaît le dentiste et il ne pourra pas se tromper. Renseignement pris, le «Laurentic» part le jour même de Londres pour Montréal. Il est plus rapide que le «Monrose» et doit arriver quelques heures avant ce dernier. L'inspecteur embarque à son bord et, effectivement, il est présent sur le quai pour accueillir les fugitifs à leur descente de la passerelle. En apercevant le dentiste, il retire civilement son chapeau melon. — Good morning, docteur Crippen ! L'intéressé réagit avec un calme parfait. Il tend les mains pour qu'il lui passe les menottes, en lui répliquant : — Good morning, inspecteur Dew. Les pseudo-M. Robinson et son fils reviennent à Londres sur un autre paquebot, sous la surveillance de l'inspecteur principal, et l'enquête se poursuit dans la capitale britannique. Les charges les plus accablantes s'accumulent contre le docteur Crippen, mais il apparaît que Mlle Le Neve, poursuivie pour complicité, a eu un rôle plus que mineur. Il n'est pas du tout sûr qu'elle ait participé au meurtre ni même qu'elle en ait connu le projet. Elle l'a vraisemblablement appris après que le docteur Crippen eut tué sa femme... Harvey Crippen et Ethel Le Neve passent en jugement devant Old Bailey, le tribunal criminel de Londres, le 18 octobre 1911. C'est assurément un beau procès. La meilleure société s'est déplacée pour voir le médecin. Ce n'est pas tous les jours que comparaît un accusé de cette qualité. Et il ne déçoit pas le public.Élégamment vêtu, portant avec beaucoup d'aisance ses cheveux gris et son début de calvitie, il est aussi distingué que courtois. Il plaide non coupable. Interrogé par le président sur son départ précipité, qui ressemble à un aveu, il répond : — Votre Honneur comprendra qu'un honnête homme n'aime guère avoir affaire à la police. Je craignais qu'on ne me retînt en prison tant qu'on n'aurait pas retrouvé Mme Crippen. En revanche, il a beaucoup plus de mal à expliquer les restes macabres retrouvés dans sa cave... Tout au long des débats, il ne se départit pas de sa politesse, se montrant particulièrement aimable avec l'inspecteur Dew. Comme son avocat veut reprendre ce dernier sur un point de sa déposition, il intervient aussitôt. — Je vous en prie, maître ! Du moment que M. l'inspecteur principal l'affirme, le fait est certainement exact. Mais cela ne peut empêcher l'inévitable. Après avoir annoncé la décision du jury, qui le reconnaît coupable sans circonstances atténuantes, le président se coiffe de la toque noire traditionnelle pour prononcer le verdict — Harvey Crippen, la cour vous condamne à être pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puisse Dieu Tout-Puissant avoir pitié de votre âme ! De son côté, Ethel Le Neve est acquittée. Quelques semaines plus tard, le 23 novembre, le bourreau a passé la corde au cou d'Harvey Crippen. Ce dernier a eu par la suite l'honneur discutable d'avoir sa statue chez Madame Tussaud, le musée de cire londonien dans la Chambre des horreurs, qui regroupe les plus grands criminels anglais. S'il vous arrive de vous y rendre, vous le reconnaîtrez sans peine : c'est le plus distingué.