Sensibilité n Réalisés en noir et en glacis, avec des hachures sombres parcourant les portraits, les tableaux plongés dans une atmosphère brumeuse ne dégagent pas comme on pourrait le croire une perception de «noirceur». A travers un métissage artistique et créatif de l'art de la photo et la peinture, Hamza Ait Mékidèche, dit Mizo, conçoit une nouvelle manière artistique de valeur contemporaine et universelle avec un cachet bien de chez nous. «L'Algérie reste ma principale source d'inspiration», dit-il. Six tableaux de grand format constituent l'exposition «Un Con Scient», qui se tient à la galerie Sirius, au bd Krim Belkacem jusqu' au 20 avril 2016. La thématique interpelle l'individu sur les œillères qui obstruent son regard, pour être devenu un automate au gré de besoins matériels «Un Con Scient». C'est tout dire. Puisque le jeune homme sur toutes ses toiles représente des personnages portant un bandeau sur les yeux. Réalisés en noir et en glacis avec des hachures sombres parcourant les portraits, les tableaux plongés dans une atmosphère brumeuse ne dégagent pas comme on pourrait le croire une perception de «noirceur». C'est surtout un environnement humain et social, indifférent aux valeurs authentiques en quête d'autres cieux, d'autres besoins plus terre à terre. Une génération que l'on a formatée pour des nécessités inutiles. Brandissant un passeport, en train d'ingurgiter, dévoilant leur violence, figée dans la banalité du moment, les modèles habillés de cuir noir, adroitement «choisis après un casting» situent le degré d'immobilisme culturel et de superflu. Le clair-obscur dans lequel sont plongées les six œuvres produit un effet de profondeur grâce au glacis qui, lui, est destiné à faire ressortir un effet d'optique. C'est en cela que Hamza Ait Mékidèche «artiste à plein temps» a voulu parvenir par cette nouvelle technique où se joignent «trois paramètres : le concept, la technique et l'esthétique». «Je ne crois pas au photomontage», souligne-t-il. On ne peut rester insensible aux créations, elles véhiculent de la beauté, de l'émotion et un travail figuratif, très personnel. Dans certaines, le mouvement des corps, sciemment voulu par le photographe, artiste-peintre, ressort comme un ballet. Photographe de formation, Mizo, photographe de mode, exerce dans son studio-atelier, en harmonie avec une équipe de collaborateurs. Professionnel, il déclare que son travail est «une thérapie». Très jeune, il a eu une attirance pour la photo d'art par le biais de feu M. Merazi, ancien photographe d'art, dont le magasin, situé à la rue Didouche, était une référence. C'est avec ferveur qu'il s'exprime sur son métier-passion. Il en parle, le décortique et signale qu'à chaque nouvelle thématique «c'est un challenge» pour lui. On le croit, quand une fois on a eu le bonheur de voir son exposition. A voir absolument.