Résumé de la 3e partie n Geneviève était si agissante, qu'elle faisait de sa mère et de son bonhomme tout ce qu'elle voulait. La bonne grand'mère, embarrassée devant de si beaux monsieur et dame, et craignant de mentir à la pauvre jeune femme, ne disait mot, quand aussitôt parut Geneviève sur la porte, qui leur dit : – C'est par ici, madame ; venez donc voir par ici, dans le berceau. Les parents entrèrent ; la vieille grand'mère s'écarta avec l'enfant, et on ne s'occupa plus que de la fausse Elfride, qui fut couverte de baisers et de caresses et d'attifements de toute sorte, si ce n'est pourtant que la jeune dame laissa pour la sœur de lait de la belle nourrissonne une jolie petite robe en indienne bon teint. Tous les ans, le père et la mère revenaient ; ils revenaient toujours chargés de bonbons, et de jupes, et de chapeaux, et de corsages, et de manteaux élégants, et tous les ans une bonne petite robe chaude pour la sœur de lait. Cela dura quatre ans ainsi. Chaque année, quand il s'agissait de remmener la fillette à Paris, la Geneviève trouvait moyen de leur faire accroire que sa santé avait encore à gagner à l'air du Perche. Enfin, la quatrième année, ils reparurent ; et du plus loin qu'elle les aperçut, la petite sauvage que tout le monde appelait Léontine, et qui jouait à ce moment-là dans les copeaux du charpentier, se mit à crier en se sauvant vers la maison : – Les voilà ! voilà la dame et le monsieur ! On fit un paquet des belles hardes de la nourrissonne ; on laissa pour la sœur de lait tout ce qui était usé ou percé, les vieux souliers, les vieux tabliers, les vieux chapeaux, les vieux jupons, les bas troués, et Geneviève vint encore une fois jusqu'à Paris reconduire l'enfant ; mais cette fois elle pleura et sanglota pendant tout le voyage, et l'enfant aussi criait à tue-tête et ne voulait point se séparer de sa nourrice, et les parents en avaient le cœur tout serré, et on la renvoya avec de l'argent plein ses poches ; mais à tout ce qu'on lui disait pour la consoler, elle repartait de pleurer et de crier, et tous les gens qui la voyaient répétaient : – Voilà une bonne nourrice ! C'était bien elle qui avait voulu que sa fille allât à Paris, et pourtant elle ne pouvait plus, à cette heure, endurer la séparation. Quand elle fut revenue à Bellavilliers, elle perdit pendant des mois et des mois le boire et le manger ; elle ne pouvait voir la pauvre petite Elfride ; elle rendait la vie dure à son homme, à sa mère, aux voisins, à tout le monde. A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel