Ghardaïa n Plusieurs constructeurs et entrepreneurs en bâtiments préfèrent déposer leurs détritus et déchets de construction dans des lieux situés tout près de leurs chantiers (aux abords des routes ou dans les lits d'oueds) pour réduire les coûts, au détriment de l'environnement. Qualifiant la situation d'inquiétante, dénaturant l'image de marque de la vallée du M'zab classée patrimoine sauvegardé à forte portée écologique et historique, plusieurs élus locaux ont estimé que l'absence de mesures répressives et d'un suivi rigoureux de la gestion de l'espace urbain a permis la prolifération des constructions illicites et des décharges anarchiques, ainsi que des amoncellements ici et là d'ordures, de gravats et autres déchets solides. «La collecte des déchets, même lorsqu'elle est faite dans les règles de l'art, ne suffit pas à elle seule», estime l'imam de la mosquée du quartier de Theniet El-Makhzen, avant de souligner la nécessité de campagnes de sensibilisation auprès de la population». Pire encore, l'état délabré de certains bacs de déchets ménagers, en plus de leur emplacement parfois inadapté, nuit gravement à l'esthétique de la ville, soutient, de son côté, Mustapha, un jeune du même quartier populaire. L'état de quelques bacs surchargés d'où se déversent souvent les ordures, leur emplacement inapproprié dans certains cas, leur situation sans couvercle et rarement lavés, en plus d'être placés sur la grande artère, en pleine chaussée et près de mosquées et d'écoles, défi-gurent le cadre urbain de Ghardaïa, a-t-il relevé. Contacté à ce sujet par l'APS, le président de l'Assemblée populaire communale de Ghardaïa (P/APC), Yahia Abazza, s'est dit outré par le comportement «irresponsable» de quelques habitants et opérateurs en bâtiment, qui déposent leurs détritus et gravats sur les abords des routes surplombant la vallée du M'zab ou dans le lit de l'oued. La dégradation de l'environnement à Ghardaïa est la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment l'incivisme de certains citoyens et commerçants, ajouté à cela la faiblesse des capacités d'intervention de la commune et le manque de main-d'œuvre, créant un dysfonctionnement dans la prise en charge des ordures ménagères, estime le P-APC de Ghardaïa. «Les habitants de la commune de Ghardaïa produisent quotidiennement plus de 200 tonnes de déchets ménagers», a précisé M. Abbaza, ajoutant que les quelques éboueurs qu'a pu recruter la commune peinent à accomplir leur tâche, notamment dans les quartiers à po-pulation dense et à forte acti-vité commerciale, dominés par une véritable anarchie dans la circulation routière et piétonne, où les routes et ruelles sont souvent inadaptées aux camions. Plus d'un millier de bacs à ordures ont été placés dans les différents quartiers, ruelles et autres lieux publics, sans oublier les poubelles, a fait savoir le P/APC de Ghardaïa avant de souligner amèrement les comportements «incompréhensibles» de certains qui se permettent de les emporter à leur domicile ! «Le refus des jeunes du métier d'éboueur, mal considéré à leurs yeux et dont le salaire est insignifiant, complique l'opération de collecte d'ordures ménagères à Ghardaïa, estime, pour sa part, le chargé du bureau d'hygiène de la commune, pour qui un chauffeur de camion est trois fois mieux payé chez le privé que par la commune.