Performance n «Picturie générale» se tient dans un espace d'exposition atypique, un lieu repensé en fonction des œuvres exposées. L'art n'a de sens, ne prend toute son ampleur, ne revêt toute sa portée artistique, que s'il est mis en évidence dans de curieuses façons, que s'il est exposé autrement, dans des lieux insolites, et c'est ce qui lui confère son originalité, son expressivité la plus révélatrice, la plus novatrice. «Picturie générale», thème d'une exposition, s'avère un exemple pour illustrer ce constat. Car «Picturie générale» n'est pas une exposition ordinaire. Il s'agit d'une performance artistique qui privilégie l'insolite et propose un regard inédit sur la manière de concevoir l'art, de l'imaginer d'un point de vue unique, personnel, contemporain, en rapport avec le présent. D'abord, «Picturie générale» se tient dans un espace d'exposition atypique, un lieu repensé en fonction des œuvres exposées. C'est dans une friche, dans les locaux désaffectés du marché de la rue Volta, au centre d'Alger (Didouche Mourad), c'est dans un ancien Souk El Fellah que se tient l'exposition, celle-ci se présente comme une «supérette d'art contemporain». En parcourant l'exposition peu conventionnelle, le visiteur peut s'attarder tantôt sur des peintures, tantôt sur des sculptures et tantôt sur des installations. Parmi les artistes –une vingtaine– qui prennent part à cette performance, qui ont «investi un espace en friche» pour en faire «un territoire d'expression collective», il y a Walid Bouchouchi, qui expose un très grand sac Tati décoré de haricots, il y a aussi Farès Yessad, qui sort sa Roulma 2.0, customisée en voiture de collection, Mohamed Bourouissa, qui accroche une grappe de baskets au plafond, Fatima Chafaâ, qui jette des hameçons dans des bouches d'égout, il y a également Yasser Ameur, qui présente une grande toile accrochée au plafond et à travers laquelle il revisite le thème de l'émigration clandestine, Maya Bencheikh El Fegoun, qui propose un triptyque sur le monde de l'enfance et un autre de Fella Tamzali-Tahari sur le corps féminin, Mehdi Djelil convoque à travers des figures mi-humaines mi-oiseaux le grand poète perse Attar dans des tableaux à forte consonance politique, côté photographie, ce sont les cent clichés pris à Alger, Béjaïa, Tunis et Bamako par Youcef Krach qui ont le plus attiré les visiteurs, des photos accrochées sans cadre pour «mieux coller au lieu» de l'exposition, selon le photographe... Autant d'œuvres, toutes aussi insolites les unes que les autres, aussi diverses que contemporaines, toutes dénotant un esprit novateur, toutes témoignant d'une vitalité créative. Et à propos de cette étonnante performance, où les expressions artistiques sont les plus diverses, Mourad Krinah, commissaire de l'exposition, dira que «l'idée est de mettre en valeur une génération d'artistes qui émerge». Ainsi, l'exposition propose de mettre des artistes venant d'horizons divers, chacun avec son univers personnel, «et c'est ce qui fait la diversité de l'exposition», précise-t-il. Bien plus qu'un étalage artistique, l'exposition se veut «une présentation brute de l'art en Algérie, dans son acception loin d'être exhaustive, mais assez représentative de ce qui fait le bouillonnement esthético-philosophique de nos jeunes artistes qui «font» et contribuent à «faire» et matérialiser leurs idées en objets d'arts».