Rencontre Liazid Khodja et Rachid Benallal, les deux réalisateurs du long-métrage Si Mohand U M?hend, l?insoumis, ont tenu, mercredi, une rencontre à la filmathèque Mohamed-Zinet (Riad El-Feth), apportant ainsi quelques précisions sur le film. Ce qui frappe d?emblée l?attention du public, d?un bout à l?autre du film, c?est, à l?évidence, la dimension poétique que renferme la fiction à travers le personnage de Si Mohand U M?hend. «Il a été très difficile de faire passer la poésie dans le cinéma, sans pour autant rendre le film plat. Donc il a fallu mener des recherches approfondies pour pouvoir ressortir ce côté très sensible par lequel s?est caractérisé le poète», explique Rachid Benallal. De son côté, Liazid Khodja affirme : «D?abord, il y a eu un travail de choix dans les poèmes ; ensuite, la difficulté était de savoir comment donner corps aux poèmes choisis. Pour cela, on a dû consulter des universitaires et des spécialistes. Les poèmes que nous avons insérés dans le film constituent une réaction à un événement, ils répondent à une situation vécue par le poète. C?est-à-dire chaque poème est un fait en lui-même.» Il est à mentionner à cet effet que l??uvre de Si Mohand U M?hend est un récit autobiographique. Chacun des poèmes raconte la vie du poète, ses errances, ses amours, ses révoltes, ses souffrances? Et c?est donc à partir de ça que l?histoire a été constituée avec toute sa poésie. Par ailleurs, Dahman Aïdrous, celui qui a incarné le personnage de Si Mohand U M?hend vieux, a déclaré que c?était pour lui une responsabilité de bien mener le jeu. «J?étais confiant et j?ai assumé mon rôle, car j?étais très bien entouré», explique-t-il. Fodhil Hamla, qui a joué Si Mohand U M?hend jeune, a dit que c?était une expérience enrichissante à partir du moment où elle lui a permis d?avoir une autre approche, plus fouillée, du poète. «Pour moi, c?était un plaisir de jouer ce rôle et de rendre mon personnage à la hauteur de Si Mohand U M?hend. Il a fallu que je travaille dur afin de donner le meilleur de moi-même», déclare-t-il. Si Mohand U M?hend, l?insoumis est un film qui ne montre qu?un seul profil du personnage. «Si Mohand U M?hend a drainé tant de poèmes. Les faire passer dans le film ne pouvait qu?alourdir l?histoire, et puisque le film obéit à des contraintes de temps et d?esthétique, on a du faire un choix au niveau du scénario», souligne Rachid Benallal. Et d?ajouter : «Si Mohand U M?hend est un grand personnage, c?est un mythe, il a une multitude de facettes et pour connaître ce personnage, il faut faire plusieurs films et sur sa vie et sur son ?uvre.» «Notre but, et c?est notre choix, c?est d?abord de montrer un personnage cultivé, et surtout donner une vie à un mythe qui fait partie de notre mémoire collective, et faire ressortir et l?aspect humain et l?aspect poétique de Si Mohand U M?hend», reprend Liazid Khodja, ajoutant que «le second objectif est celui de contribuer au combat de l?amazighité et pour la culture et l?histoire berbère». Faire un film sur Si Mohand U M?hend ne date pas d?hier c?est un projet qui remonte jusqu?aux années 1990, mais avec la dissolution des entreprises nationales de production cinématographique, et après que le fonds d?aide à la création du ministère de la Culture eut été gelé, le projet n?a pas abouti. Il a fallu attendre 2000 pour que le film soit soutenu par Cherif Rahmani, à l?époque gouverneur du Grand-Alger. Avec «Djazaïr 2003, une année de l?Algérie en France», le projet devait avoir des subventions, mais ça n?a pas été le cas, vu les quelques différends qui opposaient les promoteurs du projet et le commissaire. Il a fallu collecter des fonds auprès de partenaires comme les services culturels de l?ambassade de France ou encore le centre cinématographique marocain et Canal+ Horizons. Après moult péripéties, le film sort sur les grands écrans. Il est à noter enfin que cette ?uvre sera projetée à la maison de la culture de Béjaïa et de Tizi Ouzou ; quant à sa carrière commerciale, elle sera entamée juste après le ramadan, précise Liazid Khodja.