Il est projeté à la filmathèque Zinet à Alger depuis hier, à raison de deux séances, 15h et 18h. Retraçant la vie bouleversante et controversée du poète kabyle et «insoumis», Si Mohand U M'hand, le film d'expression amazighe qui lui est consacré, est sur les écrans depuis hier. Réalisé par Rachid Benallal et Liazid Khodja, le film a été projeté hier à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et à la filmathèque Zinet de Riad El-Feth. Ainsi, ceux qui attendaient avec impatience la diffusion de ce film, pourront ainsi le retrouver sur les écrans d'Alger à 15h et 18h. D'une durée de 100 minutes, ce film retrace la vie de ce barde maudit né en 1850 en Kabylie, à Tawrit-Timimoun. Si Mohand U M'hand mourut en 1906 alors que la colonisation triomphante s'étendait sur tout le pays. Le réalisateur Rachid Benallal lors de l'avant-première qui a eu lieu en septembre dernier, avait souligné son choix de montrer une facette de ce personnage. «Notre appréhension était de comment parler de poésie à travers le cinéma. Notre but était de faire rayonner sa poésie et le rehausser au titre de poète universel comme Verlaine». Suscitant des remous déjà avant sa sortie, Si Mohand U M'hand avait provoqué moult protestations quant à la véracité des faits et le respect de son histoire. «La vision que j'ai donnée de Si Mohand U M'hand est la mienne, je tenais à la faire prévaloir. C'est ma lecture et ma responsabilité». Ayant comme référence le premier recueil de poèmes de Boulifa et les travaux de Mammeri, Si Mohand U M'hand est un film intéressant et didactique car nous renseignant sur la vie et l'oeuvre de ce poète qui a passé sa vie à «traduire» les maux de sa société en vers ciselés. Une poésie remarquable jaillissait de ses lèvres pour raconter la misère et l'injustice que subissait son peuple au temps colonial. Inspiré en partie du livre de Younès Adli, Si Mohand U M'hand met en scène l'errance et la révolte de celui qui sera le porte-parole de tout un peuple malmené par les affres du colonisateur. «Mon but était d'en faire une version partielle et subjective car l'envergure de Si Mohand U M'hand nécessiterait plusieurs films...», avoue le coréalisateur et concepteur du scénario et dialogue, Liazid Khodja, qui qualifiera le poète d'«observateur aigu de ses citoyens. Il a dénoncé toutes les tares des autres». Le réalisateur dira ce qui l'intéressait en premier lieu : la «fluidité du récit partant d'une contribution de la langue au combat pour l'amazighité». Et des films parlant en langue amazighe, il n'y en a pas eu beaucoup ces dernières années. Ainsi, Si Mohand U M'hand est une occasion de concilier les berbérophones avec leur langue et par là même leur langue maternelle, berceau de leur culture et de leur identité...