Résumé de la 6e partie Au Sahara, Isabelle Eberhardt est heureuse : elle partage sa vie avec un spahi, Slimane, et mène une vie libre de toutes contraintes. Mais déjà, Isabelle commence à devenir suspecte aux yeux des autorités militaires françaises : cette Européenne d?origine russe, avec un nom à consonance allemande, a un drôle de comportement. Elle parle l'arabe, vit avec l?Arabe, fréquente les confréries musulmanes, fume et va dans les cafés comme un homme. Peut-être que sous le couvert du libertinage, elle travaille pour quelque puissance étrangère, la Russie ou l'Allemagne ; peut-être qu?elle a pour mission de provoquer un soulèvement des populations indigènes. Des soldats s'attachent à ses pas. On la surveille, il n'y a pas de lieu où elle se rend, dans la ville, sans que quelqu'un s'y rende avec elle. Slimane, son spahi, la met en garde. Elle est dégoûtée. «Naturellement, écrit-elle dans son journal, ici comme partout ailleurs, la haine du vulgaire me prend pour cible. En elle-même toute cette boue m'est indifférente mais elle m'ennuie quand elle tend à se rapprocher et à monter jusqu?à moi. Il y a d'ailleurs la ressource précieuse du départ, de l'isolement sur les grandes routes, dans les tribus, dans la grande paix des horizons d'azur et d'or pâle.» Elle va essayer, quand elle est dans la ville, de se montrer plus discrète, mais elle refuse de renoncer à son mode de vie, en dépit des conseils de Slimane. ? Ne pas fumer, ne pas me rendre au marché, ne pas faire de chevauchées ? Tu veux donc me tuer ! ? Je veux seulement que tu te fasses un peu oublier ! ? Pourquoi ne pas m'enfermer à la maison ? ? Tu ne comprends rien ! ? Oui, répond-elle, en s?emportant, je ne comprends pas que tu me demandes de renoncer à moi-même. Si j'ai quitté l'Europe, c'est parce que j'étais victime des préjugés et des regards des autres. Ici, je croyais qu'on était plus libre? Un matin du 29 janvier 1901, alors qu'elle se trouve dehors, un homme s'approche d'elle et tente de l'assassiner. Elle s'en sort de justesse. L'homme appartient à une confrérie musulmane rivale de celle d?Isabelle et Slimane. Il est arrêté et aussitôt interrogé. ? Pourquoi voulais-tu tuer cette femme ? Lui demande le juge. ? Cette femme est une musulmane, elle n'a pas le droit de mener la vie dissipée qu'elle mène ! J'ai reçu, en rêve, l'ordre de la tuer ! L?homme est condamné, mais on profite du procès pour accuser Isabelle d'espionnage. Le juge ne produit aucune preuve, mais c'est un prétexte pour l'expulser du pays. En partant, elle pleure. ? Je ne te reverrai plus, dit-elle à Slimane. Le jeune homme la rassure. ? Tu reviendras ! Ton pays est ici ! (à suivre...)