Victoire - Le nouveau président a désormais toute latitude pour conduire ses réformes, mais le scrutin est assombri par une abstention sans précédent, perçue comme un refus d'une «carte blanche» par la presse lundi. Le parti présidentiel centriste la République en Marche (REM) et son allié du MoDem remportent, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur à 23h00 GMT (hors les 11 circonscriptions des Français de l'étranger) 341 députés sur 577, largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges. «Il y a un an, personne n'aurait imaginé un tel renouvellement politique», a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe. Inconnu il y a encore trois ans, élu à 39 ans à la tête du pays, Emmanuel Macron, plus jeune chef d'Etat jamais élu en France, gagne son dernier pari : contrôler l'Assemblée nationale pour lancer de délicates réformes d'inspiration libérale-sociale et renforcer sa position au niveau européen. Cette consécration est cependant entachée par l'abstention, qui atteint 56,83%, selon des résultats presque définitifs. Ce record historique s'explique par la vague pro-Macron annoncée, le long marathon électoral entamé en octobre dernier avec les primaires de la droite, le désintérêt croissant pour la politique. «Notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique», a commenté le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, lui-même élu à Marseille (sud-est) dimanche. Le mouvement présidentiel a balayé les partis traditionnels, droite et gauche, qui ont structuré des décennies de vie politique française, mais sans obtenir le raz-de-marée annoncé par certains sondages. «Nous obtenons une majorité nette mais en même temps les Français n'ont pas voulu signer de chèque en blanc», a commenté le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Loin derrière, Les Républicains (droite) et leurs alliés centristes obtiennent 135 sièges, selon les chiffres de l'Intérieur, un mieux après leur échec à la présidentielle, plombée par les affaires de leur candidat François Fillon. Le chef de file des Républicains, François Baroin, s'est félicité que le nombre de députés soit «suffisamment important pour faire valoir les convictions» de la droite. Mais, à droite comme à gauche, les «macron-compatibles» risquent de brouiller les lignes. A gauche, le Parti socialiste, qui contrôlait la moitié de l'Assemblée sortante, a été pulvérisé. Le PS, avec ses alliés, reste cependant la principale force de gauche, avec 43 députés, devant la gauche radicale et communiste (27 élus). Enfin, l'extrême droite française obtiendrait huit sièges, contre deux en 2012. La patronne du Front national Marine Le Pen, députée européenne, entre pour la première fois à l'Assemblée nationale, après une tentative ratée en 2012. Ces élections législatives marquent par ailleurs un profond renouvellement : le mouvement REM a fait appel à de nouveaux visages, alors que des ténors chevronnés ont été battus. Et 223 femmes ont été élues députés, alors qu'il n'y en avait que 155 en 2012, dernier record.