Dans le système de parenté algérien, le frère ? khouya en arabe dialectal, gma, awma en berbère ? est le fils du père et de la mère. Le mot est employé également pour le demi-frère, mais dans ce cas-là, on précise parfois khuya men baba (mon frère par mon père) ou khuya men yemma (mon frère par ma mère). Parfois aussi, on appelle le frère utérin chqiqi, de l'arabe cIassique chaqiq (frère). En kabyle, le mot s'additionne même au mot arabe : gma achqiq (frère par le père et la mère). Toujours en kabyle, on définit le frère utérin par «frère par le ventre». On considère également comme frères les cousins issus de germains. Ceux-ci ont bien une dénomination propre, ben 'ammi, littéralement «fils de mon oncle paternel», mais on les appelle souvent «frères». Le mot suppose ? et c'est bien le cas dans la société traditionnelle ? qu?on vit les uns à côté des autres, qu'on a des intérêts communs et surtout qu'on se partage un patrimoine commun. Mais qui dit «frère» ne dit pas forcément amitié ou tendresse mutuelle ; bien au contraire, beaucoup de frères ne se parlent pas ou sont ouvertement en hostilité les uns contre les autres, le plus souvent pour une question d'héritage paternel. Les frères-cousins ne s'entendent pas, non plus, dans beaucoup de cas, et se considèrent comme ennemis pour des parcelles de terrain ou des chemins à partager. En kabyle, on a même forgé, à partir du nom du cousin paternel, un concept, taben'ammet (sentiment de rivalité, voire d?hostilité, entre cousins paternels) ; un proverbe met ainsi en garde contre cette rivalité : «Tout dort, à l'exception de l'eau et de la rivalité entre cousins paternels.» Autrement dit, il faut toujours être sur ses gardes contre les menées des cousins, voire leurs complots ! Mais en dépit de cette méfiance, on continue à cultiver la solidarité des frères : «Je hais mon frère, dit un proverbe, mais je hais encore plus celui qui le frappe.»