Baba et yemma sont les termes employés, en Algérie, pour désigner le père et la mère. Bien sûr, les jeunes générations, notamment dans les villes, ont tendance à les remplacer par papa et mama, mais ces derniers sont encore d'un usage restreint. Quant aux termes issus de l'arabe classique, ummi et abi, on ne les emploie qu'à l'école ! Baba, papa, mama sont des mots que l'on rencontre dans toutes les langues ; enfin, ce sont les premiers mots que l'enfant prononce ou plutôt les premières associations de sons, une consonne labiale et une voyelle. Si ces associations en sont venues à désigner le père et la mère, c'est parce que c'est à eux que l'enfant les a adressées en premier ! A moins que ce ne soient les parents qui, en écoutant le babil de leurs chérubins, aient donné cette signification à ces «mots». Si baba, papa et mama sont des mots «internationaux», il n'en va pas de même de yemma, qui, lui, paraît bien algérien : en fait, lui aussi, comporte l?élément «primitif» mama, réduit à une syllabe. L'élément ye qui s'y agglutine est, lui, énigmatique : il pourrait s'agir d'une ancienne dénomination de la femme en berbère. L'élément se retrouve, en effet, dans yelli (ma fille) et des composés kabyles du genre yanbaba (épouse de mon père) et yannegma (épouse de mon frère), yemma a donc pu avoir la signification de «femme-mère». En tout cas, l'origine berbère du terme, que l'on retrouve également au Maroc, en Tunisie et en Libye, parmi les populations, est incontestable. De nos jours, beaucoup de jeunes trouvent vieux jeu d?appeler leur père et leur mère baba et yemma, surtout devant leurs copains, aussi préfèrent-ils recourir à des termes secondaires : cheikh et la'âjuz (littéralement le vieux et la vieille) et encore al-chibani et al-chibaniyya, qui ont le même sens, avec, en outre, la référence à la couleur blanche des cheveux, sans doute pour faire paraître les parents encore «plus vieux».