Les guides de voyage et les promoteurs du tourisme au Maroc n'en parlent jamais. Et pourtant, le tourisme du cannabis attire chaque année dans ce pays des milliers de visiteurs amateurs de «kif». «Le climat ici est très spécial. Rien ne pousse à part le kif !» plaisante Hassan, un quadragénaire rencontré dans un hôtel de la région de Ketama (nord), considérée comme «la Mecque de la production de haschich». «C'est notre principale richesse», explique Hassan, qui porte au poignet une ostensible montre en or et reste discret sur la raison de ses fréquents allers-retours vers Casablanca. Au Maroc, où la culture du cannabis faisait vivre 90 000 ménages en 2013, selon les derniers chiffres officiels disponibles, vendre ou consommer de la drogue est interdit par la loi. Mais à Ketama, où d'abondantes plantations de kif accueillent le visiteur, le haschich fait partie du patrimoine local et sa consommation est largement tolérée. Avec des amis, Beatrix a organisé à la mi-septembre un «festival» à Ketama, le «Bombola Ganja» - en fait, une soirée entre copains fumeurs devant la piscine de l'hôtel. Sur l'affiche diffusée sur la page Facebook de l'événement, les plants de cannabis relèguent au second plan les DJ venus mixer de la «trance psychédélique». Les organisateurs ont aussi glissé un message appelant à légaliser le cannabis à des fins médicinales.