Retrouvailles Elle reconnaît le jeune vendeur : c?est le fils d'une cousine ; elle l'invite à venir rompre le jeûne à la maison. C'est le premier jour du ramadan et Fatima, qui n'a pas pensé à faire ses emplettes, est désemparée. Le marché grouille de monde, on crie et on gesticule, de quoi donner le tournis à une brave femme de soixante ans, plutôt grosse, donc qui se meut avec difficulté? Heureusement que son petit-fils, un solide garçon d'une quinzaine d'années, est là pour pousser des coudes et se faufiler jusqu'aux étals des marchands. ? Hé toi, fais la queue comme tout le monde ! ? Ma grand-mère est malade !, crie le jeune homme, laissez-la passer ! Fatima arrive jusqu'à l'étal. Elle pousse un soupir de soulagement, puis un petit cri de surprise. ? Mais je te connais, toi ! Le marchand, un jeune homme d'une trentaine d'années, la regarde aussi. ? La tante Fatima ! ? Djamal, le fils de ma cousine Aïcha ! Il se penche vers elle, elle tend le visage vers lui, au risque de faire basculer le monceau de tomates et de poivrons. Ils parviennent à se faire la bise. ? Ah, ma tante, cela fait longtemps ! ? Dis-moi, et la cousine Aïcha, comment va-t-elle ? ? Bien, ma tante ! Et toi ? Et les enfants ? ? Tout le monde va bien ! Mais dis-moi, que fais-tu dans la ville ? Je croyais que tu étais avec ta mère et tes s?urs au village ! ? J'ai trouvé du travail, ma tante ! Les clients s'impatientent. Au train où va la conversation, le nommé Djamal et la tante Fatima, ne vont pas s'arrêter ! ? Sers-nous donc, sers-nous ! ? Hé, je discute avec ma tante que je n'ai pas vue depuis longtemps ! ? Tu es là pour vendre, pas pour discuter ! Fatima, craignant que la dispute ne se transforme en bagarre, calme le fils de sa cousine. ? Bon, bon, je te laisse vendre. Samir pousse sa grand-mère du coude. ? Toi aussi tu dois faire des achats ! ? Ah, oui, dit Fatima, je veux deux kilos de poivrons et autant de tomates? Dis-moi, la pomme de terre, ce n'est pas de la pomme de terre congelée ? ? Non, khalti, tu peux en prendre ! ? Alors mets-moi dix kilos? Les gosses aiment les frites ! Djamal la sert. Elle doit laisser la place à un autre client. ? Djamal, dit-elle, avant de partir, passe rompre le jeûne avec nous, ce soir ! ? C'est d'accord, ma tante. Tu habites toujours à la même adresse ? ? Bien, sûr ! Samir soulève le lourd panier et se dirige vers un étal. ? Qui c?est, ce Djamal que tu as invité, grand-mère ? ? Le fils à une cousine qui habite à la campagne? C'est un brave garçon ! (à suivre...)