Virée n Il n'est même pas 10h 30 en cette matinée ensoleillée de ramadan et le marché de Zniket-Laârab grouille déjà de monde. Pour s'y frayer un chemin, il faut faire toute une gymnastique. Outre la foule nombreuse, les étals des marchands collés les uns aux autres et les charrettes de transport de marchandises qui circulent sans cesse rendent la circulation piétonne très difficile. «Vous n'avez rien vu cher ami, il faut venir l'après-midi pour voir ce que c'est la grande foule, cela, ce n'est rien, croyez-moi», nous fait remarquer un jeune vendeur. Zniket-Laârab est un marché quotidien qui accueille du monde tout au long de l'année. Particulièrement durant ramadan, «où il s'avère vraiment trop exigu pour contenir les foules nombreuses qui le fréquentent», disent à l'unanimité les nombreux marchands qui y travaillent, les uns régulièrement et les autres occasionnellement. «Ce n'est pas seulement le nombre de visiteurs qui augmente durant le mois sacré, il y a aussi celui des vendeurs», dit un jeune mandataire rencontré au marché de gros des fruits et légumes situé à quelques centaines de mètres de là. Tout ce qui se mange se vend ici : fruits, légumes, poissons, viandes, fromages… Néanmoins, les fruits et légumes sont de loin les plus prisés par aussi bien les visiteurs que les habitués du marché. La raison en est toute simple, leurs prix sont très abordables : courgettes à partir de 30 DA le kilo, tomates à 25 DA, poivrons et piments à 20 DA, raisins à 35 dinars, pommes à 30 dinars… Seules les pommes de terre et la salade semblent hors de portée des petites bourses avec des prix variant entre 35 et 45 dinars et entre 40 et 60 dinars respectivement. Les consommateurs ont une large variété de choix dans ce marché tant l'offre et abondante. Mais la demande «n'a pas tellement augmenté durant les premiers jours de ramadan», souligne, l'air triste, un jeune homme d'une vingtaine d'années, assis derrière son étal de légumes dans l'attente de clients qui tardent à venir. Le même constat est fait par Farès, un vendeur de fruits : «Les ventes n'ont pas explosé», dit-il. Selon ce dynamique handicapé, même les prix n'ont pas augmenté. Quelques mètres plus loin, Mohamed, la trentaine, ne se fera pas prier pour nous lancer : «Prenez le maximum de photos, dites aux habitants d'Alger que les prix pratiqués à Boufarik sont plus qu'abordables pour qu'ils viennent ici s'approvisionner en fruits et légumes.» De l'avis de Mohamed aussi, la demande n'a pas augmenté durant les premiers jours de ramadan. Il reconnaît néanmoins que le marché est plus fréquenté que d'habitude, non sans prendre le soin de préciser qu'il y a «pas mal de gens qui viennent ici pour passer le temps, ils font essafa wal maroua en quelque sorte», avant de conclure : «Les choses n'ont pas vraiment changé pour nous avec l'arrivée de ramadan.»