Résumé de la 1re partie Sharnice Nicole Carter était une droguée qui se prostituait à Miami. Elle a été étranglée quatre mois avant d?atteindre ses 23 ans. Le sergent Schillaci affirme : «C?est le genre d?affaire qui vous obsède. Vous restez allongé dans votre lit, les yeux au plafond, et vous y pensez. Ces filles sont vulnérables. Elles ne cherchent pas à être tuées. Elles essayent seulement de s?en sortir, comme tout le monde.» Chaque enquête sur un homicide commence par une biographie. Il ne suffit pas de savoir comment est morte la victime. Les enquêteurs doivent déterminer comment elle vivait, où elle vivait, qui elle connaissait. «Trouvez ces réponses, disent les policiers, et vous trouverez des suspects? et le tueur.» Mais dans le monde de la prostitution, de telles réponses ne se trouvent pas facilement. Le capitaine De Furia (de la division homicide du bureau du shérif du comté de Broward), qui dirige la force spéciale enquêtant sur les «meurtres des valises» (Kim Ditez-Livesey et Sia Demas) et d?autres prostituées, explique : «Vous devez recréer la vie d?une personne. C?est déjà difficile de recréer la vie d?une personne norm ale. Alors, lorsque la vie personnelle de la victime est chaotique, avec de nombreux contacts, beaucoup de gens différents, c?est encore plus difficile de trouver quelque chose.» Les femmes qui travaillent dans la rue ont rarement un sac ou un portefeuille sur elles. Elles emportent rarement leur permis de conduire ou leur carte d?identité. Elles accumulent toute une liste de surnoms et d?alias. Souvent, elles n?ont pas d?adresse permanente mais font l?aller-retour entre les hôtels et les refuges pour sans-abri, de villes en villes et de comtés en comtés. Bien des femmes travaillant dans les quartiers des prostituées du sud de la Floride viennent d?autres Etats. Elles suivent un circuit de la prostitution qui descend vers le sud pendant l?hiver. D?autres sont envoyées là par leur maquereau, avide d?obtenir un gros profit dans la «Mecque» du soleil, du tourisme et des aéroports. Une fois dans la rue, leur vie se fragmente rapidement en un manège irrégulier de visages étrangers, d?heures incertaines et de destinations inconnues. Personne ne les cherche si elles disparaissent durant un moment. Personne ne s?en mêle lorsque quelque chose tourne mal. Personne ne s?étonne du fait qu?un étranger s?arrête à un coin de rue ou accélère dans la nuit. Le sergent Bronson, du département de police de Fort Lauderdale, explique : «Dans un homicide domestique, vous savez qui faisait parti du cercle de personnes ayant accès à la victime. Avec une prostituée, le cercle d?amis et de connaissances n?a pas de limite. Nous n?avons aucune idée de qui a eu accès à la victime.» Cela peut prendre des semaines uniquement pour trouver le véritable nom de la victime, et encore plus de temps pour reconstruire des morceaux de sa vie en lambeaux. Le détective Brett Nichols, de Miami, a passé un mois à chercher un seul témoin potentiel pour le meurtre de Sheila Lewis, en 1999. Il n?avait que deux surnoms : Lucille et La Colombiana. Après avoir finalement localisé son témoin, la dernière personne qui avait vu Lewis vivante, Nichols a dû l?interroger durant trois jours afin d?établir un emploi du temps fragmentaire des derniers jours de la victime. (à suivre...)