Alger Souad est élevée comme une princesse par sa grand-mère, une femme généreuse et protectrice. Après le divorce de ses parents et le remariage de sa mère, Souad est recueillie, très jeune encore, par sa grand-mère maternelle qui est heureuse de retrouver son rôle de maman, l?élevant comme si elle était sa propre fille, lui prodiguant amour, affection et gâteries. La vieille Baya s?occupa d?autant mieux de sa petite-fille que ses autres enfants avaient fondé chacun son foyer ou étaient allés faire fortune ailleurs. Sa tendresse pour sa petite-fille était sans limite, rien n?était insurmontable pour satisfaire les désirs et caprices de la petite Souad qui, en grandissant, exigeait toujours davantage. Les mois et les années s?écoulèrent. Souad fit d?assez bonnes études, elle entrepris une formation d?enseignante qu?elle termina avec succès. Pendant ce temps, la vieille Baya, toujours aussi affectueuse et attentionnée, s?escrimait à constituer le trousseau de son enfant chérie. Son grand rêve, l?aboutissement de tant de sacrifices et de bonheur, était de voir Souad mariée à un jeune homme digne et amoureux. Belle et élégante, Souad ne tarda pas à être courtisée par nombre de jeunes gens, collègues, voisins ou simples admirateurs. Elle hésita quelque temps puis finit par céder au charme de Nabil, un sage garçon du quartier, apprenti mécanicien de son état, qui n?avait pas réussi sa scolarité, mais qui avait l?avantage d?être un jeune homme travailleur, d?apparence correcte et d?une grande beauté. Le mariage de Souad et Nabil est célébré en octobre 2002. Pendant quelques semaines, le couple vit une idylle. Après le mariage de sa petite-fille, Baya vivait seule. Un matin, la femme de ménage découvrit la pauvre Baya gisant dans une mare de sang, le corps dépecé et lacéré de plusieurs coups de couteau. Aucun signe d?effraction n?est constaté par les enquêteurs, arrivés très vite sur les lieux. Le jour des obsèques ni Souad ni Nabil, qui habitent pourtant à moins de trois kilomètres de là, ne sont présents. Mais un coup de théâtre allait se produire le jour même de l?enterrement. En soirée, un proche de la famille raconta aux cousines qu?il avait rencontré, quelques heures plus tôt, le jeune couple et que tout, dans le comportement de Souad et son mari, indiquait qu?ils partaient en voyage. L?alerte est aussitôt donnée et, le lendemain, les deux fuyards sont appréhendés in extremis, quelques minutes seulement avant le départ de l?avion où ils s?apprêtaient à embarquer. L?interrogatoire de Souad et Nabil aboutit sans difficulté à cet horrible aveu. Afin de réunir l?argent dont il avait besoin pour avoir son propre garage, Nabil avait tué Baya, avec la complicité de Souad, qui lui avait indiqué l?endroit où la victime cachait son coffre-fort plein de bijoux, des bijoux que la pauvre Baya destinait sans doute à celle qu?elle considérait comme sa propre fille. Le jour du procès, le 10 novembre 2004, au tribunal d?Alger, Souad est condamnée à 10 ans et Nabil à 16 ans de réclusion criminelle.