Mouammar El-Gueddafi est aujourd'hui le plus ancien dirigeant arabe au pouvoir. Après son coup d'Etat en 1969, le colonel révolutionnaire a mis en place un régime autoritaire. Au mois d'août 2000, à la suite de l'intervention de la Libye dans l'affaire des otages de l?île de Jolo, Tripoli a accueilli des journalistes du monde entier. A cette occasion, le guide a essayé de se donner l?image d?un grand défenseur des causes humanitaires. Mais dans son propre pays, il continue d?interdire tout pluralisme des médias. Les quatre journaux officiels, comme la télévision et la radio, ne font que véhiculer la propagande du régime. Aucune critique à l'égard du colonel n'est tolérée. Les visas sont accordés avec parcimonie aux journalistes étrangers, sauf lorsque Mouammar El-Gueddafi souhaite s?exprimer, en général pour dénoncer la politique de pays «hostiles». Dans ce cas, l'Etat libyen n'hésite pas à payer des billets d'avion à des reporters pour servir sa propagande. Abdullah Ali al-Sanussi al-Darrat, incarcéré sans procès depuis 1973, est le journaliste détenu depuis le plus longtemps au monde. On ne sait pas où il est emprisonné, ni quel est son état de santé. De nombreux observateurs pensent qu'il serait décédé en prison. Telle une salamandre, le leader libyen a toujours su survivre aux tempêtes politico-médiatiques. Exploitant la moindre opportunité pour se blanchir vis-à-vis de l?extérieur, le colonel a, à son actif, plusieurs «exploits» médiatiques comme celui des otages de l?île de Jolo aux Philippines. N?hésitant pas à mettre la main à la caisse à coups de millions de dollars, le guide ne rate pas une occasion pour démontrer sa bonne foi à l?égard de la paix dans le monde. Jeu trouble pour certains, manière de se racheter pour les autres. La dernière décision à l?égard des familles des victimes de l'attentat en 1989 contre le vol UTA 772 illustre parfaitement l?habilité qui anime le plus ancien dirigeant arabe que tout le monde honni, mais avec lequel tous coopèrent en catimini.