Volte-face Après des années d'isolement, le «bouillant colonel» tente de redonner une impulsion à sa politique étrangère. Mouammar Kadhafi est né en 1941 à Syrte. Sympathisant du Baâth, le mouvement socialiste et nationaliste arabe, il entre à l'Académie militaire de Benghazi. Plus tard, en 1969, il met en marche un coup d'Etat avec d'autres officiers et renverse le roi Idriss. Une fois au pouvoir, Kadhafi se propulse à la tête du Conseil de la révolution et de l'armée. Une de ses premières actions sera de nationaliser le pétrole. Mouammar Kadhafi est, aujourd'hui, le plus ancien dirigeant arabe au pouvoir. Après son coup d'Etat en 1969, le colonel révolutionnaire a mis en place un régime autoritaire. Après des années d'isolement en raison de son soutien aux mouvements terroristes et de son implication dans deux attentats meurtriers, le «bouillant colonel» tente de redonner une impulsion à sa politique étrangère. Maître incontesté de Tripoli depuis son coup d'Etat du 1er septembre 1969, le guide de la Révolution libyenne n'a pas fini de surprendre. Après avoir soutenu les organisations terroristes les plus variées, de l'Armée de libération nationale (IRA) en Irlande du Nord, aux guérillas islamistes en Asie, Mouammar Kadhafi cherche à jouer de nouvelles cartes géostratégiques. Après les années noires, de 1992 à 1999, marquées par un embargo international contre son pays en raison des attentats du 747 de la PanAm et du DC-10 d'UTA, le «messager du désert» tente de sortir de son isolement et de retrouver une influence régionale. En multipliant les gestes de bonne volonté à l'égard de la communauté internationale, mais aussi en se tournant vers l'Afrique. De la création de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Comessa) en février 1998 au projet d'Union africaine (UA), le leader libyen tente de revenir en force sur la scène régionale africaine. A travers la naissance de ces deux organisations régionales, Kadhafi entend jouer un rôle plus affirmé, voire étendre son rayon d'action sur le continent noir. Derrière cette volonté de promouvoir l'unité africaine, le leader libyen cherche également à concurrencer les leaderships sud-africain ou nigérian, mais aussi à contenir les jeux américain et européen en Afrique. Cela étant, le leader révolutionnaire parvient à exercer avec succès une médiation sur plusieurs conflits. Il obtient d?abord, en avril 1999, une avancée majeure dans le conflit qui dévaste la République démocratique du Congo en arrachant un accord de paix, dit de Lusaka, entre les pays belligérants. La médiation libyenne permet également d'ébaucher des solutions dans la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie, dans le conflit soudanais ou encore en Somalie. Mais son véritable «baptême médiatico-diplomatique», Kadhafi le doit à son intervention réussie, à partir d'août 2000, dans l'affaire des otages de Jolo. En négociant directement avec des rebelles musulmans d'Abbu Sayyaf, qui détiennent 21 otages, dont 10 étrangers, sur l'île de Jolo, dans le sud des Philippines, Kadhafi obtient la libération progressive des otages occidentaux. Tous les otages vont être libérés par petits groupes grâce à la médiation libyenne et le paiement ? jamais officiellement reconnu ? de millions de dollars de rançon. Le «bouillant colonel» se refait ainsi une santé diplomatique et redore son blason aux yeux des grandes capitales. Grâce à cette affaire, il fait un retour fracassant sur la scène internationale et retrouve un certain pouvoir d'influence et de décision. Le colonel Kadhafi redessine ainsi les contours d'une nouvelle politique étrangère. Il ne cherche plus à provoquer la communauté internationale, mais tout simplement à briser son isolement.