InfoSoir : Combien de musées existe-t-il en Algérie ? M. Batrouni : Nous avons au total 8 musées à travers le territoire national, le musée de Zabana à Oran, celui de Cirta à Constantine et le musée Nasr Ed-dine de Bou Saâda en plus des cinq connus à Alger. Ces musées sont thématiques, c?est-à-dire que chacun d?eux est spécialisé dans un domaine. Bien que le colonisateur ait pris avec lui beaucoup d?objets de valeur en quittant l?Algérie, ces musées restent des espaces qui gardent la mémoire et l?histoire de notre peuple. C?est donc nous qui n?avons pas de culture des musées ? Tout à fait, nous n?avons pas encore acquis cette culture, les Algériens ne sont pas habitués à aller aux musées, ce n?est pas que cela ne les intéresse pas, mais ils ont d?autres préoccupations que visiter les musées. On a remarqué durant notre virée dans quelques musées de la capitale, qu?il y a bien des objets exposés qui ne portent aucune référence pourquoi ? Les musées ne sont pas des écoles où l?on apprend nos cours, mais des espaces où l?on perçoit les choses, nos émotions doivent prendre le dessus, le visiteur des musées, doit, en quelque sorte, tester son savoir artistique, et laisser ses émotions le guider et déduire ce qui se cache derrière ces objets. Et les guides alors, en quoi consiste leur travail ? On n?a pas vraiment suffisamment de guides formés. La formation des guides relève du ministère de l?Enseignement supérieur. C?est à leur niveau que sont formés ces chercheurs et guides, notre travail est de veiller à ce que le patrimoine dans nos musées soit préservé et protégé. Justement on a remarqué que la plupart des musées ne possèdent pas de bibliothèques ni de laboratoires ! Il faut dire que le budget du ministère de la Culture est des plus maigres, et nous sommes en train de travailler avec les moyens du bord. Mais dans un avenir proche, les choses vont changer. Des travaux de restructuration dans nos musées sont prévus et tout viendra avec le temps. Un mot sur la loi 04-98 Cette loi donne un statut aux musées et met un terme à d?anciens textes inspirés des lois françaises qui ne favorisaient pas la préservation de notre patrimoine. Ainsi, il n?y aura plus de patrimoine local, mais national témoignant de périodes continues de la préhistoire jusqu?à nos jours. Cette loi permettrait aussi la restructuration des instruments de préservation du patrimoine. Elle sera appliquée incessamment. (*) Historien et directeur de la Direction du patrimoine culturel au ministère de la Culture.