Renouveau Quelques heures seulement avant le départ de l?équipe pour le Koweït, Jean-Paul Rabier, le nouvel entraîneur du Mouloudia d?Alger, s?est confié à InfoSoir sur son nouveau challenge. InfoSoir : Après quelques séances d?entraînements et des discussions avec les joueurs, avez-vous pris des décisions avant ce départ pour le Koweït ? J.-P. Rabier : Cela m?a obligé quelque part à faire plus vite que prévu. J?ai été à l?écoute des uns et des autres tout en prenant les décisions qu?il fallait. Je ne dis pas qu?il y a eu de grandes décisions, mais disons qu?on a bien avancé tant au niveau de la réflexion que sur le plan de l?analyse, et ce au pas de charge. Vous n?êtes pas gâté en débarquant en milieu de saison avec une coupe arabe et un championnat qui reprend tout de suite après, quelles sont vos premières décisions ? Il a fallu travailler sur le plan psychologique et on va voir si ça a été compris dès ce match face à El-Koweïti. Je verrai bien la façon avec laquelle les joueurs aborderont ce match et comment ils évolueront. On attend tous, que ce soit l?entraîneur, les dirigeants ou les supporters du Mouloudia, une réaction positive de l?équipe lors de ce match. Les joueurs ont-ils été réceptifs à votre discours et dans quel état d?esprit se trouvent-ils ? Il faut leur poser la question, mais bon il y a des attitudes qui ne trompent pas et je pense que les joueurs ont compris que quelque chose d?irréversible allait se produire et qu?il fallait se ressaisir. Pour cela nous sommes tous motivés. J?ai, d?ailleurs, fait ce constat en individuel après avoir parlé aux uns et aux autres. Les joueurs m?ont dit ce qu?ils ressentaient que ce soit sur le terrain, hors ou au niveau du club. Je pense qu?ils ont trouvé quelqu?un à leur écoute, mais cela ne veut pas dire que ce seront eux qui prendront les décisions, mais c?est bien l?entraîneur, même s?il faut imposer un certain vécu ou être à l?écoute de ce qui s?est déjà fait jusqu?à son arrivée. Sur le plan psychologique, les joueurs étaient affectés par leur mauvaise passe en championnat et en Coupe arabe, qu?en est-il aujourd?hui ? J?en ai vu une bonne douzaine, j?ai bien ressenti des garçons fatigués par tous ces problèmes et ces histoires qu?ils ont subis. Les garçons ont bien envie de tourner la page et veulent profiter de mon arrivée pour démarrer sur de nouvelles bases, en ayant le souhait de rectifier le tir au plus vite, que ce soit collectivement ou individuellement. J?ai senti vraiment que les joueurs étaient plutôt bloqués dans leur tête et lorsque la tête est bloquée, les gars ne sont plus alertes sur le terrain. J?ai fait donc un travail psychologique très important. Je ne l?ai pas terminé ce qui veut dire que les joueurs peuvent retomber dans leurs travers, à moins d?être vigilants sur ce plan-là. Toujours est-il que mes joueurs sont vraiment désireux de voir autre chose dans les six prochains mois. Il n?y a que les résultats qui peuvent ramener la sérénité et la confiance au sein du MCA. Effectivement, le déclic ne viendra que par rapport à un résultat bien précis et d?une prestation précise. Le plus vite sera le mieux et la machine sera de nouveau relancée. Il faut donc à tout prix aller chercher ce déclic et faire le maximum pour se ressaisir. Vous avez récupéré Badji, qui était longtemps blessé, et vous enregistrez l?arrivée de trois nouveaux joueurs maliens, est-ce de bon augure pour l?avenir de l?équipe ? Je pense que l?effectif est assez complet en nombre puisque je tourne en ce moment à l?entraînement avec 25 à 26 joueurs, mais il faut admettre que c?est beaucoup. On verra au retour du Koweït comment trouver une solution à la pléthore de l?effectif. Quant aux joueurs maliens, ils ont, à mon avis, un certain potentiel et ils sont intéressants bien qu?il faille encore les découvrir davantage. Ce n?est pas en trois séances d?entraînement que je pourrai connaître la valeur de chaque joueur, ça c?est clair. Néanmoins, ce voyage au Koweït va nous permettre de travailler un peu plus, dans de meilleures conditions et rectifier ainsi le tir, comme il nous aidera à mieux nous connaître. Je pense que ce sera une expérience intéressante pour la suite. Ne trouvez-vous pas que six mois c'est un peu court pour travailler avec un groupe et réussir de bons résultats ? Cela m?est déjà arrivé de prendre le train en marche, mais bon je n?ai pas le choix. Il faut donc faire au plus vite, c?est-à-dire cerner le plus rapidement possible certaines choses non seulement en regardant, mais en écoutant les principales personnes concernées . Ensuite, il faut faire en sorte d?avoir un discours très net, très précis et qu?en un mois et demi on n?a pas le temps, car on est en cours de saison. A partir de là, je ne vois pas comment les choses ne peuvent pas aller bien. Cela aurait pu être dans des conditions plus faciles, mais bon il faut l?accepter et que chacun fasse l?effort nécessaire pour que le message passe le mieux possible. Concernant le staff technique, beaucoup de choses ont été dites. Qu?en est-il vraiment de l?avenir de MM. Farhi et Yaïche ? A ce propos, je crois que mon discours d?avant-hier devant tout le monde, c?est-à-dire devant les dirigeants, staff technique et joueurs, après les avoir rencontrés les uns après les autres, a été précis et clair : il n?a jamais été question de limoger qui que ce soit. J?ai eu l?occasion de discuter longuement avec les entraîneurs de tout le travail qu?ils ont accompli jusqu?à maintenant. Et à la fin de notre discussion, ils m?ont déclaré qu?ils ne souhaitaient pas continuer et qu?ils voulaient, à travers leur départ, permettre à l?équipe de tourner une page et en ouvrir une autre. J?ai pris acte de tout cela et j?en ai fait part aux dirigeants. Pour l?instant, rien n?a été tranché, la preuve est que Youcef (Farhi) est parmi nous pour le voyage au Koweït. Je n?ai donc jamais mis de côté les entraîneurs ni signifié leur fin de mission. Vous n?avez qu?à les interroger et vous verrez ! De leur part, il y a un engagement de ne pas lâcher l?équipe, puisqu?ils ont décidé de m?accompagner. On verra au retour, en tout cas Youcef et moi nous aurons l?occasion de nous connaître mieux au cours de ce voyage et on prendra une décision finale. En tout état de cause, je n?aurais jamais pris une décision par presse interposée, car ce n?est pas dans mes principes. Sur un plan logistique, ne trouvez-vous pas que c?est vraiment handicapant de ne pas avoir son propre terrain pour travailler et mettre en ?uvre ses méthodes et stratégies ? Vous touchez là un problème de fond et tant qu?on n?aura pas cette base de travail, cette structure, cet outil, ce point d?ancrage, ce repère indispensable pour faire du bon boulot, on aura du mal à bien réussir. Il nous faut donc notre propre terrain, avec des créneaux horaires bien précis, avec le matériel nécessaire, etc. Je ne demande pas beaucoup de choses, mais beaucoup à la fois ; sachez seulement que faire quarante minutes en voiture ou en bus pour aller s?entraîner ce n?est pas toujours évident. Les dirigeants en sont conscients et ensemble nous essayerons de trouver, dès notre retour du Koweït, une solution à ce problème. Maintenant que vous êtes dans le bain, sentez-vous que votre challenge est jouable avec un club aussi délicat que le MCA ? Je suis arrivé et tout de suite j?ai constaté que j?avais beaucoup de problèmes à résoudre. Ce n?est pas en trois jours que je réussirai à tout gommer, il va falloir être patient. L?environnement est là pour bien travailler, on m?a parlé également des supporters qui sont en attente à ce que leur équipe réagisse, gagne et joue de beaux matchs. Je leur dis qu?il faut qu?ils soient patients, eux aussi, même si j?ai conscience que j?arrive dans un club qui a un grand passé, qui est populaire et qui attend de ressortir la tête de l?eau, à jouer des challenges et à gagner des titres. On ne transforme pas une équipe du jour au lendemain, et il n?y a que le travail qui paye. Le groupe de joueurs m?a l?air sain et, à partir de là, c?est un super challenge qui nous attend tous.