Pointure La visite-éclair de Robert Nouzaret entre dans le souci des Mouloudéens de trouver un substitut à l'autre Français Jean-Paul Rabier. Ce coach, sollicité par le MCA, s?est aimablement prêté à notre interview. InfoSoir : D?abord, soyez le bienvenu en Algérie. R. Nouzaret : Je vous remercie. Je suis arrivé à Alger, hier, mercredi, (l?entretien a été réalisé jeudi) et je dois repartir demain (vendredi). M. Nouzaret, peut-on savoir les raisons de cette visite-éclair ? Je ne vais tout de même pas vous cacher quelque chose dans la mesure où vous avez réussi à savoir que je suis ici. Les responsables du Mouloudia d?Alger m?ont proposé la barre technique de l?équipe. Après le premier entretien, il a été convenu de la nécessité de mon déplacement à Alger pour de plus amples négociations. Je suis venu pour avoir une idée précise des infrastructures mises à la disposition du club et m?entretenir directement avec les responsables. Avez-vous déjà visité l?Algérie ? Ma dernière visite en Algérie remonte à 1969. À cette époque, nous avions disputé un match amical contre l?équipe nationale d?Algérie. J?étais entraîneur de Bordeaux. J?ai aussi rencontré l?équipe algérienne pour le compte des éliminatoires de la Coupe d?Afrique. La Côte d?Ivoire avait perdu à Alger 5-2 et c?est à ce moment-là qu?on a fait appel à moi et j?ai pu réaliser une victoire au match retour à Bouaké 2-1. Ce jour-là, j?ai fait la connaissance de Moussa Saïb. Vous avez dit tout à l?heure que vous aviez visité les infrastructures du club. Vos appréciations ? J?ai vu un stade splendide d?une capacité de 100 000 spectateurs environ (le 5-Juillet ). Cela dit, je me demande pourquoi l?on n?a pas entouré les gradins supérieurs. Je pense que l?architecte, qui a réalisé cette ?uvre, est Brésilien et il n?a pas voulu qu?il soit identique à Maracana (rires). Avez-vous discuté avec les responsables mouloudéens ? Absolument. J?ai appris beaucoup de choses sur l?équipe, son histoire, sa popularité et ses objectifs. J?ai eu l?occasion de visiter le stade de Bologhine et aussi les fiefs de l?équipe (Bab El-Oued, El-Biar, etc.). Les responsables du club m?ont fait savoir que l?équipe évolue en général devant 60 à 100 000 spectateurs, ça, croyez-moi, c?est très important. Avez-vous évoqué votre prise en main de l?équipe ? Et comment ! J?ai discuté avec les responsables du club de tout : ce qu?ils attendent de moi et ce que j?attends d?eux. Cela dit, je ne vais pas me précipiter et déclarer quoi que ce soit. Ma réponse définitive, je la donnerai une fois rentré en France. Je préfère étudier minutieusement l?offre avant de prendre une quelconque décision. Y a-t-il une possibilité de vous voir à la tête du MCA ? Ne vous attendez pas à avoir une réponse aujourd?hui. D?habitude, je ne prends jamais de décisions hâtives, sans connaître les moyens mis à ma disposition pour le travail, le cadre de vie et d?autres paramètres. Avez-vous discuté avec les responsables sur les objectifs de l?équipe et la compétition arabe qu?elle disputera la saison prochaine pour la deuxième fois consécutive ? Pas aussi profondément que vous le pensez. Cela dit, je suis sûr que tout est clair. L?équipe veut jouer les premiers rôles que ce soit au niveau national qu?international. Je l?ai senti à travers la discussion avec les dirigeants qui veulent monter une équipe de qualité. Cela passe inexorablement par des résultats. Qu?est-ce qui peut entraver votre venue pour travailler en Algérie ? Rien du tout. Il y a des choses plus importantes à éclaircir. À mon avis l?aspect financier est le dernier de mes soucis. Le plus important, c?est de mettre à la disposition de l?équipe tous les moyens pour sa bonne marche. Apparemment, vous êtes un entraîneur à challenge ? C?est exact. Je suis de nature un aventurier. Par exemple, lorsque j?ai décidé d'entraîner la Côte d?Ivoire, je ne savais pas où je mettais les pieds. Malgré cela, je pense que j?ai réussi ma mission et la preuve c?est que j?y suis retourné une autre fois. Mais vous avez démissionné, pour quelles raisons ? Vous savez qu?il y avait des événements douloureux en Côte d?Ivoire, mais cela n?est pas la seule raison. Des problèmes au niveau de l?équipe olympique ivoirienne m?ont poussé à partir. Il faut savoir que la Côte d?Ivoire possède une très bonne équipe qui est sur le point de se qualifier au Mondial. D?ailleurs, lorsque Henry Michel m?a demandé son avis sur l?équipe, je lui ai répondu qu?il faut aller sur le terrain pour être fixé. Je pense que cette équipe est l?une des meilleures d?Afrique actuellement. Avant votre venue en Algérie, avez-vous demandé des informations à votre compatriote Jean-Paul Rabier sur le MCA ? Oui je l?ai fait et je pense que c?est tout à fait normal. Que vous a-t-il dit ? Sincèrement, il n?a pas cessé de me dire qu?il a passé six mois formidables et que sa relation avec tout le monde était excellente. Il m?a dit beaucoup de choses positives. Rabier est un homme respectable et un entraîneur professionnel. Avez-vous parlé de l?équipe, des joueurs et des infrastructures ? Il m?a signalé le manque d?infrastructures et cela je l?ai constaté lors de ma visite. Je pense que vous avez des espaces qu?il faut tout simplement savoir utiliser pour en profiter. Croyez-moi, le travail au Mouloudia est très intéressant et on peut réaliser de très bonnes choses. À ma visite à Bab El-Oued, j?ai constaté que les travaux marchent bien pour la réalisation d?un nouveau stade, c?est déjà là une bonne chose. M. Nouzaret, suivez-vous l?évolution du football algérien ? J?ai toujours suivi les résultats de l?équipe nationale et j?ai su aussi que plusieurs entraîneurs français ont exercé ici en Algérie. Je sais par exemple que Jean-Yves Chay a décroché une Coupe d?Afrique avec la JSK, Hervé Revelli qui a entraîné le MCO, le MCA et l?ESS et aussi Coste et Rabier. Votre nom a circulé ici en Algérie pour prendre en main l?équipe nationale. Pourquoi n?avez-vous pas répondu aux sollicitations ? C?est vrai, la Fédération algérienne de football m?a contacté, mais il était impossible pour moi de répondre favorablement à l?offre. À cette époque-là, j?étais sous contrat avec la Fédération ivoirienne qui n?a pas voulu me lâcher. Etes-vous tenté par ce challenge ? Prendre les rênes d?une équipe comme celle de l?Algérie est un challenge qui ne se refuse pas. J?aime bien ce genre d?aventure et s?il arrive que je sois sollicité de nouveau je ne dirais pas non. Peu-être pourrais-je prendre les deux (le MCA et l?équipe nationale) (Rires). Que savez-vous de l?équipe nationale algérienne ? Je sais que c?est une équipe qui possède de très bonnes individualités, dont la composante est jeune. Cela dit, les résultats ne suivent pas. J?ai discuté récemment avec Antar Yahia qui m?a fait savoir que l?Algérie est en passe de construire une très bonne équipe qui fera parler d?elle à l?avenir. Connaissez-vous les joueurs qui la compose ? J?ai eu Antar Yahia comme joueur à Bastia et à Montpellier, je sais qu?il y a deux jeunes joueurs (Yachir et Chakouri) qui n?ont que 20 ans. Je crois savoir qu?ils ont été sélectionnés en équipe des moins de 20 ans. ? Et Saïfi qui a joué à Istres ? Lui, je le connaissais à Troyes avec Ghazi. Les deux ont formé un duo formidable. Il y a aussi Saïb que j?ai eu l?occasion de connaître quand il était à Auxerre et en équipe nationale. Dernière question M. Nouzaret, êtes-vous prêt à venir travailler au Mouloudia? Oui, sinon à quoi servirait le déplacement ? J'ai entendu beaucoup de bien sur le public du Mouloudia et surtout de la capitale algérienne. Les pieds-noirs m'en ont parlé et, croyez-moi, je suis ébabi par sa splendeur. On ne l'a pas appelée Alger La Blanche pour rien. Simplement, vous aurez ma réponse définitive dans quelques jours.