Si Yennayer marque l'une des plus grandes festivités de l'année, celle du jour de l'an, placée sous le signe du bonheur et de la prospérité, il ne faut pas l?oublier, se déroule en plein hiver. Certes, la période la plus dure est passée ou est en voie de l'être. ll s'agit des fameuses «nuits noires», lyali sewda ou, en berbère, ud'an iberkanen (ou tout simplement lyali) : elles durent du 12 au 31 dujamber (12-25 décembre). Avec Yennayer, commencent les «nuits blanches», lyali elbeidha, et en berbère, ud'an imellalen, période plus clémente, mais toujours froide. Seulement avec les nuits blanches, on espère des éclaircies, voire des prémices du beau temps qui mettent du baume au c?ur ! On redoute les froids de Yennayer, ses neiges et ses pluies torrentielles qui peuvent provoquer la crue des rivières et donc causer des inondations. Mais on souhaite les pluies bienfaisantes, car ce sont elles qui favoriseront les récoltes et alimenteront les sources et les puits pour l'été. On se désole quand il ne pleut pas et que la terre demeure sèche. Mais on garde toujours l'espoir de la survenue de pluies tardives : «Mm ur iwit s imezwura, dit le proverbe kabyle, ad yewet s ineggura» (si ? Yennayer ? ne donne pas de pluies à ses débuts, il les donnera vers la fin). Un proverbe de l'Ouest algérien donne, lui, ce conseil : «Illa rwât f nnâyer enqas' men lekhmâyer wa zid f lmt'ayâr, illa mâ rwatch f nnâyer zid f lekhmâyer wenqes' men lemt?ayâr» (si à Yennayer la terre est abreuvée d?eau, laisse moins de grains dans le silo ? entame sans crainte tes réserves ? ensemence une grande surface ; si à Yennayer la terre n'a pas pris assez d'eau, laisse le grain dans le silo, préserve tes réserves en prévision des difficultés et sème peu).