Hamdi Benani, Abdelmadjid Meskoud, Dib El Ayachi, Abdelkader Chercham ont fait de la journée de Yennayer un grand moment. Après les calendriers universel et musulman, c'est le tour du calendrier berbère de passer à une nouvelle année, 2958. «Amenzu n'Yennayer», une fête antique et si particulière qu'elle comble de joie tous les foyers berbères. Ce legs séculaire qui a traversé des siècles continue à être honoré et célébré comme si c'était hier. Yennayer, si pour les uns constitue le début du Nouvel An, pour les autres, c'est la mémoire, l'hommage rendu au fondateur de la 22e dynastie. Une épopée antique qui a été préservée et gardée dans la mémoire de tout un peuple. Bouira, à l'instar des différentes régions d'Algérie, n'a jamais laissé passer cette fête. Emportés par cet élan ancestral, les villes et les villages se sont mis de la partie, et sont allés à la rencontre d'une année qu'ils espèrent porteuse d'abondance et de prospérité. Les rites sont les mêmes. Des personnes âgées racontent l'allégresse du bon vieux temps. «Nous passions de merveilleux moments en famille, c'était notre source de bonheur, bien que les conditions de vie à cette époque-là, étaient difficiles.» «Ces derniers temps, malgré que les gens se préparent pour accueillir le Nouvel An, ce n'est pas avec la ferveur d'hier», ajoute-t-il, d'un ton chargé de regrets. Les femmes, de leur côté, s'occupent des préparatifs de ce dîner composé de sept repas différents. Le poulet, le couscous, les crêpes sont, entre autres, des plats mentionnés au menu de la tradition. Par la force du temps, les populations ont tendance à abandonner le côté superstitieux de Yennayer. Recouvrir les murs à la chaux et changer le trépied de l'âtre (lkanun), ce rituel perd de plus en plus de son influence, ainsi que l'opération du nettoyage dans la maison et d'autres rituels consistant à conjurer le sort et leur assurer abondance et prospérité durant la nouvelle année. «Quand nous habitions le village, nous n'avons jamais abandonné le rituel, mais aujourd'hui en ville, notre maison ne possède pas "lkanun"», nous dit une vieille femme, le couffin à la main, en route vers le marché ajoutant «du couscous au poulet et quelques crêpes nous suffiront pour passer une bonne soirée de Yennayer». S'agit-il bien de l'ancienne génération qui n'a guère le goût à la nouvelle manière de célébrer cette occasion? Par contre, la nouvelle génération, sans recourir à la bûche, compte marquer l'événement loin de tout atavisme traditionnel. «C'est un moment pour rappeler à quel point on doit lutter pour la survie de notre culture et de notre identité», affirme un étudiant avant d'enchaîner: «C'est bien de ressusciter la tradition, mais la noblesse et la sacralité de cette fête résident dans le fait d'en préserver la mémoire». C'est à partir de ces deux approches que la fête de Yennayer a été conçue. Tradition et mémoire. Nos aïeux nous ont légué ce patrimoine, qui nous rappelle à l'ordre, de ne jamais oublier les racines de l'arbre qui fait la fierté de notre lignée. C'est dans une grande intimité que les villages accueillent la nouvelle année. En montagne ou dans les plaines, les foyers sont sous l'emprise de la fête. Loin du silence des villages, le bruit du carnaval retentit à la ville de Bouira. Il a été prévu des soirées musicales animées par des figures de la chanson algérienne. Hamdi Benani, Abdelmadjid Meskoud, Dib El Ayachi, Abdelkader Chercham et d'autres. Par la magie de leur musique, Yennayer a été placé au-dessus de toutes les considérations. Les festivités qui ont commencé mercredi dernier, prendront fin aujourd'hui, où une conférence et une exposition sont également prévues. La manifestation sera clôturée par un couscous berbère comme le veut la tradition de Yennayer. Malgré un déferlement de la modernité, la tradition émerveille toujours. Chaque année, nos villages sont au rendez-vous, les populations plongent corps et âme dans la profonde nuit de Yennayer dans l'espoir d'un lendemain radieux pour dire à l'unisson au monde: Aseggwas ameggaz.