Rivalité La polémique enfle depuis plusieurs jours entre le Brésil et l?Argentine, le premier accuse les Argentins d'avoir drogué un joueur brésilien, à son insu, lors du Mondial-90 en Italie, remporté par l'Argentine (1-0). Le scandale a été provoqué par des déclarations de l'ex-sélectionneur argentin, Carlos Bilardo, faites au magazine Veintitres. Bilardo, en poste en 1990, aurait ainsi implicitement reconnu qu'au cours de ce match, disputé le 24 juin à Turin, une bouteille d'eau contenant un tranquillisant avait été distribuée aux Brésiliens. La question du journaliste de Veintitres faisait suite à des déclarations de Diego Maradona, capitaine de la sélection argentine. En décembre, au cours d'une émission télévisée, l'ancien capitaine argentin avait laissé entendre qu'un somnifère avait été introduit dans une bouteille destinée aux joueurs brésiliens. «Je ne sais pas, je ne sais pas. Je ne dis pas que cela ne s'est pas passé», a répondu Bilardo à Veintitres. Une fois les propos de Bilardo rapportés, le sélectionneur brésilien de l'époque, Sebastiao Lazaroni, a immédiatement réclamé des sanctions contre l'Argentine: «Peu importe que cela se soit passé il y a quatorze ans ou quatorze jours, il faut que la Fédération internationale (FIFA) prenne des sanctions exemplaires.» Selon la presse brésilienne, la CBF allait demander à la FIFA d'ouvrir une enquête à ce sujet. Lundi à la mi-journée, la FIFA assurait ne pas avoir encore reçu de requête en ce sens. La polémique a redoublé avec les déclarations faites par Branco, milieu de terrain de la Seleçao en 1990, au quotidien italien La Gazzetta dello Sport paru vendredi. Branco aurait ainsi eu des «vertiges» après avoir bu dans une bouteille que lui avait tendu un membre de la délégation argentine. «L'eau avait un goût bizarre. J'ai eu des hallucinations, ma tête tournait. J'ai eu beaucoup de mal à jouer normalement par la suite», a précisé Branco, ajoutant que, deux ans plus tard, le défenseur Oscar Ruggeri lui aurait avoué que la bouteille était destinée à l'ensemble des Brésiliens et que les Argentins avaient espéré que Branco tende la bouteille à ses coéquipiers. Du côté de la Fédération argentine, le président Julio Grondona a assuré en fin de semaine dernière que Diego Maradona n'était «pas dans son état mental normal» lorsqu'il avait fait ses déclarations. «Maradona a voulu faire une blague, mais les blagues ne fonctionnent pas toujours.» Grondona a ajouté qu'il n'avait «personnellement rien à dire à ce sujet, tout comme la fédération qui ne veut pas polémiquer sur des faits qui remontent à aussi loin». «Mais si on m'interroge, je serai là pour répondre», a cependant précisé le président de l'AFA, par ailleurs vice-président de la FIFA. Enfin, lundi, Grondona a averti que si le Brésil demandait à la FIFA l'ouverture d'une enquête, «il faudra aussi se souvenir d'un match de la Copa America 95 en Uruguay que nous avons perdu après un but de la main» (victoire du Brésil contre l'Argentine aux tirs au but après une égalisation des Brésiliens dans le temps réglementaire grâce à un but que Tulio avait marqué après avoir touché le ballon de la main, ndlr). Quant à Bilardo, celui-ci a assuré que le journaliste de Veintitres avait mal interprété ses propos. Mais il était déjà trop tard.