Priorités Quand on est veuve avec une famille à charge, on ne pense pas aux qu?en-dira-t-on. Zoulikha a surmonté tous les obstacles pour arriver à ses fins. Le petit restaurant que possède Zoulikha au centre-ville de Hammam Righa est actuellement le plus en vogue puisque les familles et les couples ne cessent d?en louer la propreté et la qualité de l?accueil. Victime de la compression du personnel d?une entreprise où elle était femme de ménage, Zoulikha n?a pu rester les bras croisés et trouva un travail dans un restaurant où elle fut plongeuse puis serveuse. «Je copiais chaque jour et j?étais attentive aux faits et gestes du bon cuisinier qui me laissait parfois le soin de terminer le travail.» A peine cinq mois plus tard, l?idée lui vint de s?installer à son compte puisque la cuisine était sa vocation «J?ai même vendu mes bijoux.» En cherchant, elle trouva cette boutique à Hammam Righa. «A première vue, c?était impossible de s?en approcher à cause des odeurs et des saletés.» A force de ténacité, l?endroit fut métamorphosé et Zoulikha s?y installa à son compte. Au début, elle a attiré la curiosité et les regards méchants de ses voisins commerçants. «Même les passants me regardaient d?un mauvais ?il, mais petit à petit, j?ai forcé le respect de tout un chacun en commençant par mes collègues.» Zoulikha travaille 10 heures par jour et est obligée d?être sur les lieux à 6h. «Au fil du temps, j?ai eu ma propre clientèle. J?en recevais des dizaines par jour et les hommes me confiaient leur famille que je prenais plaisir à servir.» La renommée de zoulikha est allée crescendo dans ce milieu conservateur. Actuellement, elle est avec sa fille, Sabrina qui l?assiste dans sa besogne. Pour l?anecdote, Zoulikha n?a jamais oublié ses premiers pas dans ce milieu quand ses parents les plus proches la fuyaient comme la peste lui reprochant d?avoir opté pour ce travail au milieu des hommes, un milieu où elle se démène, par la force des choses, comme un diable. «Je remercie Dieu d?avoir pu réussir à préserver mon orgueil, car je n?ai jamais pu me résoudre à tendre la main.» Quant aux racontars, Zoulikha estime qu?elle n?est ni la première ni la dernière à avoir été sujet de discussions, mais sa persévérance lui a valu l?estime de certaines personnes qui l?ont comprise, lui ont proposé de l?aide et même encouragée. Zoulikha vit actuellement avec sa mère et ses deux filles et est très fière de les servir même à la maison puisqu?elles ne veulent manger que de sa main. «Elles trouvent que je suis experte en la matière», ironise-t-elle.