Plus personne ne se serre la main en Angola de peur d'être contaminé par le terrible virus de Marburg, dont le bilan s'est alourdi, ces derniers jours, avec, selon le ministère de la Santé, 150 morts sur 163 cas recensés dimanche soir, dont 80% d'enfants de moins de 15 ans. «Les gens ne se serrent pas la main à Luanda parce qu'ils ont peur du virus», a avoué, sur place, un expert néerlandais, spécialiste en assainissement. Cette effrayante fièvre hémorragique, apparentée au virus Ebola et contre laquelle il n'y a ni vaccin ni traitement spécifique, a tué une vingtaine de personnes en trois jours, de jeudi à dimanche, alors que des experts internationaux ont engagé une véritable lutte contre la montre à Luanda pour installer une unité d'isolement des malades afin d'enrayer la contagion. A l'arrière du plus grand hôpital du pays, un pavillon de quarantaine est en cours d'aménagement. Au fond d'une cour jonchée de gravas et d'ordures, cette unité de 40 lits était, jusque-là, réservée aux maladies infectieuses et accueillait aussi des malades du sida. Il ne devrait cependant pas être prêt avant au moins cinq jours. «L'idéal aurait été d'installer ce pavillon en dehors de la ville. Mais il n'y a pas de structure appropriée et compte tenu que des malades de Marburg risquent de se rendre dans nos services d'urgence, il fallait nous dépêcher», a expliqué un médecin angolais. Marburg, virus rare identifié en 1967 dans un laboratoire de la ville allemande du même nom, se transmet par les fluides corporels d'une personne infectée (sang, selles, urine, vomi, salive). La pire épidémie connue jusque-là avait fait 123 morts sur 149 cas en RD du Congo, entre fin 1998 et fin 2000.