InfoSoir : Une fiche technique de BKL industries ? Samy Boukaïla : BKL est à 100% familiale. En s?associant, mon père et ma mère ont ouvert une petite société de confection de vêtements d?enfants entre 1967-1968, grâce à leurs économies et des prêts auprès de la famille et des amis. Le fondateur était mon père A. Boukaïla avec des actionnaires de la famille (ma mère, ses trois enfants : mes s?urs et moi-même, les beaux frères et des amis). En 1993 s?est jointe la belle-fille Boukaïla, puis les gendres et les amis de la famille. C?est une entreprise qui date de 1969- 1970 spécialisée dans la réalisation des ouvrages en aluminium (des portes et des fenêtres), une première en Algérie. A cette époque, l?Algérie importait cette matière. Cette entreprise a commencé avec un capital de 200 000 DA. Aujourd?hui elle en est à 24 millions de dinars. Ce n?est qu?en 1988 qu?elle est devenue BKL industries (Sarl puis Spa en 1993). Votre succession à A. Boukaïla, votre père, était-elle facile ? Je suis fils unique et le problème de succession ne s?est pas posé pour moi. Pour mon père, les filles et les garçons sont au même statut. La seule différence entre nous, c?est la compétence. Mon père m?a averti : «Si tu n?es pas capable de gérer l?entreprise, je te mettrai à la porte. Tu resteras mon fils et tu auras tout ce que tu veux.» J?ai succédé à mon père en 2000. Après avoir fini mes études de finances en Angleterre Business fin 1984/1985. Les plus grands groupes m?avaient proposé des postes étant major de promo à l?époque. Je devais même aller aux USA pour préparer mon doctorat. Sacrifiant les études pour suivre la volonté de votre père. Comment avez-vous appris à définir votre rôle ? J?avais déjà fait mon choix en rentrant au pays ; et ce n?est pas mon père qui m?avait imposé cette responsabilité. Mon retour au pays coïncidait avec l?autorisation dans notre pays au privé d?investir dans l?économie nationale. Et pour les autres membres de la famille ? Si les cousins et les neveux veulent travailler dans l?entreprise, on gérera cette transition ensemble. Mais chez nous, il y a une nette séparation entre la famille et le travail. Le passage à la troisième génération ? J?ai deux filles. Je ne les obligerai pas à prendre le relais. Je leur laisserai le choix mais entre-temps, je me prépare déjà au cas où elles ne seraient pas intéressées. Ma vision est vers le management externe. Le conseil de famille, vous l?avez ? Oui bien sûr. On se réunit d?habitude pour discuter et dire ce qu?on fait et faire ce qu?on dit, établir une charte. On parle business. Il faut avoir une valeur de l?entreprise et dire que «le produit que nous fabriquons est le produit qu?on doit acheter». Que pensez-vous de l?adhésion de l?Algérie à l?OMC et comment pourra subsister une entreprise familiale dans un monde plus concurrentiel ? Avec l?adhésion de notre pays à cette organisation mondiale, tout ce qui est informel sera tué. Et c?est une excellente chose. On doit penser à l?intérêt de l?entreprise familiale algérienne. Si cet intérêt est préservé, tout l?intérêt de la nation le sera également. C?est l?entreprise familiale et le savoir-faire qui créent la richesse et non pas le pétrole et le gaz... Les plus nationalistes sont les personnes qui investissent à l?intérieur du pays. (*) Directeur général de l?entreprise familiale BKL Industries de production de menuiserie aluminium (deuxième génération ).