Bouleversement Il permet de donner un signe de vie rapidement et brièvement, peu importe le lieu où l?on se trouve. De milliers de «texto» ou «SMS» (Short message system) sont échangés quotidiennement par les Oranais pour entrer en contact avec leurs parents, proches et amis. C?est l?ère du «court et compréhensible». Ce nouveau mode de communication, induit par le boom qu'a connu le secteur de la téléphonie mobile, enregistre un vif succès et s?est imposé comme un moyen incontournable «pour parler brièvement, utilement et à moindre coût», pour paraphraser les déclarations d'un utilisateur «accro» des SMS. Les texto ont pour conséquence un changement dans le comportement des utilisateurs du téléphone mobile, désormais soucieux de faire «l?économie des unités» en évitant de parler inutilement. «En téléphonant à un ami ou à un parent, je suis contraint, politesse oblige, de lui demander de ses nouvelles, celles de ses proches, c?est autant de secondes de communications qui partent en l?air», explique Rédha, qui recourt trop souvent au texto pour transmettre de petits messages, fixer des rendez-vous ou tout simplement envoyer des «coucous» et de petits mots gentils. Pour Madani, les SMS sont l?expression de la rapidité et la mobilité qu?offre le téléphone portable. «Nous vivons dans une ère où tout se fait rapidement et en temps réel. Les SMS nous permettent de donner un signe de vie rapidement, brièvement, peu importe le lieu où l?on se trouve», indique-t-il, tout en précisant que pour des raisons professionnelles liées à son activité d?agent immobilier, il envoie en moyenne une dizaine de texto par jour. «Ca marche très bien, puisque j?arrive à obtenir à moindre coût l?information qui m?intéresse, sans perdre ni mon temps ni celui de mon interlocuteur», ajoute-t-il. Les SMS, outre l?avantage qu?ils offrent en matière de coût, permettent également une certaine «indépendance» vis-à-vis de l?usage de la langue qui se fait en toute liberté, sans tenir compte des règles grammaticales les plus élémentaires, de la conjugaison et de l?orthographe. «L?essentiel, c?est le message», souligne Halima, enseignante. «L?homme est revenu à l?usage des signes. C?est l?ère de la simplification», ajoute-t-elle en avouant que trop souvent, elle, qui est constamment très stricte sur les règles fondamentales de la langue de Molière, cède aux impératifs de cette «langue moderne» en négligeant l?orthographe des mots ou la concordance des temps «rien que pour gagner quelques signes et abréger au maximum le message et le temps de l?envoi». Les texto ne se limitent pas seulement aux messages strictement privés et personnels. Leur utilisation commence à connaître un développement certain et dans des domaines d?intérêt public. Les différents opérateurs de téléphonie mobile les utilisent pour informer leurs abonnés de l?imminence de la date butoir pour recharger leurs comptes, pour leur envoyer des messages à l?occasion de fêtes tels les Aïds et la nouvelle année. D?autres institutions ont eu recours à ce procédé, à l?image du ministère du Commerce qui a lancé, au début de cette saison estivale, une campagne d?information et de sensibilisation des citoyens sur les dangers des produits impropres à la consommation. Les domaines d?utilisation des «texto» sont multiples et restent encore à investir. Les spécialistes du secteur des télécommunications s?attendent à un développement encore plus accru de ce moyen de communication, puisqu?il est à la portée de tous et constitue une fonction disponible sur tous les appareils téléphoniques, même les plus anciens, contrairement aux MMS (transmission de photos et de séquences vidéo) qui exigent l?utilisation d?un téléphone multimédia, souvent hors de portée des bourses moyennes. Les auteurs des SMS se recrutent dans toutes les tranches d?âge et dans toutes les couches sociales. Leur succès réside dans le fait qu?ils permettent de dire tout ou presque en quelques caractères ou signes. Un message du genre J TEM (je t?aime) est accessible et compréhensible aussi bien pour le lettré comme pour celui qui maîtrise difficilement le français. Incontestablement, avec les texto, quelques caractères valent mieux qu?une longue phrase.