Providence n L?été permet à des milliers de personnes, battant le pavé tout le reste de l?année, de trouver du travail. Ainsi, les vendeurs de poteries voient leur clientèle augmenter avec le retour de la belle saison. A Yakouren, une soixantaine d?exposants s?installe de chaque côté de la RN12. Des jarres, des vases et autres ?uvres artistiques destinés aussi bien à la décoration qu?à l?utilisation quotidienne, sont proposés. «Dans notre combat pour la survie, nous ressemblons à la fourmi qui récolte en été de quoi survivre le reste de l?année ou comme les groupes folkloriques qui attendent la saison des fêtes en vue de gagner de quoi vivre aux moments du calme !», déclare Mokrane Djennad, artiste et exposant qui fabrique lui-même ses produits : «J?ai appris ce métier depuis ma tendre enfance. Je le fais aussi bien par amour qu?à des fins lucratives.» Il précise : «Le commerce marche bien surtout avec le retour des émigrés.» Mokrane, qui exerce ce métier depuis six ans, reconnaît que, durant la crise du printemps noir, les choses allaient très mal et que ce n'est que depuis environ deux ans que le site commence à renouer avec l?ambiance et la dynamique. Lounès, un autre exposant intervient : «J?assure la vie de ma famille grâce à ce métier. Depuis mon licenciement d?une entreprise publique en 2000, j?ai opté pour cette activité, car ma femme maîtrise parfaitement la fabrication de ces objets traditionnels.» Les techniques, les décors et l?esthétique obéissent à une tradition ancestrale transmise de mère en fille avec quelques changements au fil du temps. On constate, malheureusement, que cette tradition commence à disparaître vu que seule une minorité de jeunes opte pour son apprentissage. «Je suis triste aujourd?hui d?être un témoin de l?oubli, mais au moins je suis fière d?être l?un des artisans de la mémoire», dit n?Na Aldjia,une vieille rencontrée au village Thamlihth. Et d?ajouter : «Croyez-moi, j?ai versé des larmes quand j?ai demandé à ma fille d?apprendre le métier et qu?elle a refusé sous prétexte du progrès et du civisme.» D?autres jeunes du village s?investissent dans la restauration rapide aux côtés de la légendaire fontaine fraîche. Ces jeunes offrent des services à des passagers qui prennent ce site comme un point d?escale en vue de se permettre une bouffée d?oxygène ainsi que des repas et des boissons fraîches avant de poursuivre leur chemin. Au fond du bosquet forestier, un vieux couple français prend l?air. Il est venu passer quelques jours. «Je suis amoureuse de ce site. Depuis des années, j'y viens pratiquement chaque année. Ici tout est charmant : l?air pur, les singes, les oiseaux et surtout l?eau fraîche des fontaines», déclare avec bonheur la vieille Marie.