Evénement n Ils sortent un nouvel album studio, A Bigger Bang, après avoir débuté leur tournée mondiale fin août aux Etats-Unis. C?est le premier album du groupe rockn?roll depuis 1997, qui montre que ces sexagénaires n'ont pas perdu leur flamme rock'n'roll, à défaut de leur originalité. Outre le fait qu'un nouvel album des Stones est toujours un événement, A Bigger Bang (Virgin), qui sort lundi prochain en Europe et mardi aux Etats-Unis, a beaucoup fait parler de lui depuis plusieurs semaines en raison d'une chanson qui égratigne le président américain George W. Bush et son entourage néo-conservateur. Dans Sweet neo con (Doux néo-conservateur), le treizième des seize titres de l'album, Mick Jagger chante : «Tu te dis chrétien, moi je pense que tu es un hypocrite/Tu dis que tu es un patriote/Moi je pense que tu es merdique.» «Liberté pour tous/La démocratie est notre style/A moins que tu ne sois contre nous/Dans ce cas, c'est la prison sans procès. Mais une chose est sûre : la vie est belle chez Halliburton» (groupe de services pétroliers autrefois dirigé par le vice-président Dick Cheney et récemment mis en cause pour avoir surfacturé des travaux en Irak), poursuit le texte. Début août, Jagger a affirmé sur la chaîne CNN que cette chanson n'était «pas une attaque contre le président Bush», mais qu'elle critiquait «les politiques qu'il épouse». De son côté, le guitariste Keith Richards a espéré que le reste du nouvel album ne serait pas éclipsé par «une petite tempête politique dans une tasse de thé». Une façon de dire que la polémique autour de cette chanson, qui a servi de rampe de lancement médiatique à l'album, a pris de l'ampleur parce qu'il s'agit des Rolling Stones : beaucoup d'autres artistes critiquent George W. Bush dans leurs chansons ou sur scène sans pour autant susciter la controverse. Au-delà de cette seule chanson, A Bigger Bang, qui dure 64 minutes, est un album aux compositions anodines mais jouées avec un enthousiasme intact par Jagger (62 ans), dont la voix fait toujours merveille, Richards (61), Ron Wood (58) et Charlie Watts (64), guéri fin 2004 d'un cancer de la gorge. Les titres les plus convaincants sont Back of my hand, un bon vieux blues rugueux, et Oh no, not you again, un morceau rock nerveux et tendu, qui rappelle que les Stones sont un peu les ancêtres des «groupes de rock à guitares» revenus sur le devant de la scène musicale ces dernières années. A Bigger Bang comprend également des ballades qui ne devraient pas bouleverser les inconditionnels des Stones (Streets of love, ou Laugh, I nearly died, chanson à l'esprit soul interprétée de façon délicate et sensible par Jagger) et quelques titres funky (Rain fell down et Look what the cat dragged in). Dans cette dernière chanson, les Stones adressent un petit clin d'?il aux Beatles («Tu as l'air d'un lépreux habillé comme sergent Pepper»). Deux morceaux, This place is empty et Infamy, sont chantés par Richards d'une voix rauque et fatiguée. Mais plus que l'album lui-même, les fans des Anglais attendent surtout de les voir sur scène : leur tournée, entamée le 21 août à Boston, devrait arriver en Europe en 2006.