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La «loi cabaret» à New York
Publié dans Info Soir le 18 - 06 - 2003

En 1960, la ville comptait 12 000 endroits où les New-Yorkais pouvaient danser, il n?y en a plus qu?à peine 300. La «loi cabaret», datant de 1926, sévit toujours.
- Sinatra, Liza Minelli et bien d?autres ont immortalisé la ville des rêves et des sorties. New York, New York évoque pour le commun des mortels un hymne à la joie, une invitation à la fête. La ville des Giants a la réputation d?être le fief de tous les excès où il fait bon vivre.
Mais, au pays de l?Oncle George, le rêve hollywoodien ne s?affiche pas forcément au grand jour. Une loi remontant à l?époque de la prohibition interdit de danser dans un club ne disposant pas d?une licence spéciale. Cette loi datant de 1926, qui visait à l?origine à contrôler les bars avec danseuses nues du quartier de Harlem, limitait le type de musique pouvant être joué et exigeait la prise d?empreintes et une carte d?identité spéciale pour toute personne travaillant dans un «cabaret».
Au fil des années, la loi s?est vidée de sa substance, mais un article crucial est resté en vigueur : l?interdiction de danser dans tout restaurant, bar ou club qui n?est pas titulaire d?une «licence de cabaret». Par exemple, une vingtaine de personnes assises dans un bar et écoutant de la musique raï sont dans la légalité, mais si un couple se lève et se met à danser, le bar peut être fermé immédiatement par les forces de l?ordre.
La loi fut peu appliquée après la fin de la prohibition, mais elle connut une seconde jeunesse dans les années 1960.
Dans les années 1990, le maire de New York, Rudy Giuliani, eut aussi recours à cette loi dans sa grande campagne pour «nettoyer» New York et s?attaquer à l?insécurité. De 1997 à 2000, la ville ferma 69 clubs et bars pour avoir violé la loi sur la «licence de cabaret». Cette politique a été reprise par le maire actuel, Michael Bloomberg. Les adversaires de la loi la jugent anticonstitutionnelle et oppressive. Ils l?accusent d?avoir pour objectif de créer un cartel de «superclub» pouvant se payer la «licence de cabaret».
En outre, selon une étude de 1998 conduite par l?Association new-yorkaise de la vie nocturne (Nyna), les clubs et discothèques contribuent à hauteur de trois milliards de dollars par an à l?activité économique de la ville et ont créé
27 000 emplois. Mais la Nyna est opposée à l?abrogation de la «loi cabaret», affirmant que ce serait injuste pour les propriétaires de club qui ont payé une petite fortune pour leur licence.
La mairie envisage un compromis qui autoriserait la danse «de façon accessoire» dans les clubs sans licence, c?est-à-dire pour un nombre limité de personnes. Il est vraiment drôle ce nouveau monde !


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