Selon les différentes statistiques établies, ces dernières années, sur le suicide en Algérie, la wilaya de Béjaïa enregistre, en moyenne, une quarantaine de suicides annuellement. Ce qui est à la fois énorme et inquiétant. Pour tenter de comprendre une telle tendance, une journée d?information a été organisée le 22 octobre 2002 à l?université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. Des professionnels de la santé et des psychiatres du Centre hospitalo-universitaire de Brest avaient pris part à cette rencontre qui a conclu à l?inexistence d?une étude sociologique et médicale qui mette en évidence les états d?âme des suicidés ou des candidats au suicide. De même, il a été constaté que le portrait-type du suicidé reste imprécis. Dans sa tentative d?expliquer la fréquence des suicides en Kabylie, le Dr Timizar avait énuméré plusieurs motivations, mais il a beaucoup plus mis l?accent sur le déterminant culturel. Au-delà de l?aspect identitaire, le conférencier s?est attardé surtout sur l?éclatement du cadre traditionnel et son impact sur la cohésion de la cellule familiale «qui se déculture de plus en plus face aux mutations socioculturelles, économiques et psychologiques». Pour sa part, le Dr Griner a établi des similitudes entre Béjaïa et Brest dans son intervention intitulée «Les déterminants culturels et suicides». Tout en affirmant que le taux de suicide relativement élevé en Bretagne (900 cas par an) s?explique par le fait que «le droit français a renié le statut particulier de cette région, ce qui a détruit toute son authenticité», elle notera que les spécificités culturelles et identitaires de la Kabylie sont certainement pour beaucoup dans les suicides qui y sont enregistrés.