Réaction n Comme leurs concitoyens des Ouacifs, les habitants de la localité côtière de Tigzirt ont, eux aussi, entamé plusieurs démarches contre l'installation et la prolifération des débits de boissons illicites. Ces derniers pullulent tout au long de la côte et semblent «prisés par des gens qui viennent de partout, vu leur implantation à proximité de la mer, cachés dans un décor pittoresque», témoignent des habitants de la ville de Tigzirt que nous avons rencontrés. Ami Saïd nous fait savoir que la population s'est organisée en collectif pour saisir les autorités et demander la fermeture desdits lieux, source d'ennuis : «Plusieurs agressions ont été organisées dans ce genre d'endroits fréquentés par des malfaiteurs. L'assassinat d'un chauffeur de taxi de la ville de Tizi Ouzou, a été préparé dans un bar illicite sur la côte de Tigzirt par deux complices, j'ai assisté au procès en mars dernier et j'ai été soulagé d?apprendre le verdict : la peine capitale.» Notre interlocuteur nous informe que les femmes, employées par les propriétaires des débits de boissons clandestins, sont utilisées pour appâter le client qui sera par la suite agressé et délesté de ses biens. «Nous avons saisi, à maintes reprises, les autorités, mais nos doléances sont restées lettre morte. Je dois vous dire que la fermeture n'est pas suffisante si les propriétaires ne sont pas lourdement sanctionnés puisque les bars sont toujours rouverts.» Sid Ali Amar, enseignant de mathématiques à Tigzirt, nous informe que depuis quelques années, les habitants de cette ville se sont constitués en collectif et ont saisi la justice contre la prolifération des «lieux de débauche». «Nous avons lancé, il y a quelques années, une pétition pour la fermeture des bars clandestins, toute la population de Tigzirt l'a signée. Il y a eu l'ouverture d'une enquête commodo incommodo sur les débits d'alcools de la localité.» La pétition, explique notre interlocuteur, a permis de «faire prendre conscience aux habitants de la dangerosité du phénomène. En effet, les bars prolifèrent sur la route reliant Tigzirt à Azeffoun. On en compte même au centre-ville». Selon Sid-Ali Amar, plus de 100 femmes, sont employées au niveau desdits débits. «La débauche, la drogue, les vols, l'insécurité? menacent la vie paisible des Tigzirtois. Nous avons donc décidé de saisir la justice, encouragés par le nombre de signatures collectées par la pétition». L'action s'est soldée par l'intervention des services de la police. Des bars ont été fermés, mais d?autres repoussent comme des champignons et aujourd'hui, la situation s'est encore compliquée, nous affirment nos deux interlocuteurs. «Celui qui veut investir est le bienvenu, mais qu'il évite de le faire dans les débits de boissons, car nous ne baisserons pas les bras jusqu?à la fermeture de ces sources de problèmes. Nous voulons un investissement positif qui développera notre région», conclut l?enseignant.