Résumé de la 13e partie n Condamnée à mort pour espionnage, Mata Hari est tirée de sa cellule, à l?aube du 15 octobre 1917. La jeune femme est poussée dans un fourgon. A ses côtés, et à sa demande, sont assis la s?ur Léonide, la religieuse qui l?assiste, et le pasteur Darboux qui, quelques instants auparavant, l?a baptisée. «N?ayez pas peur, dit la s?ur, qui tente jusqu?au bout de soutenir la jeune femme. ? Je n?ai pas peur, répond la jeune femme, dont les mains tremblent pourtant. ? Je vous demande de pardonner à ceux qui, aujourd?hui, vous envoient à la mort.» Le visage de Mata Hari se crispe. «Je ne peux pas pardonner aux Français? J?ai tant fait pour eux et, en remerciement, ils m?envoient devant le peloton d?exécution ! ? Vous devez pardonner, dit la s?ur, pour que Dieu vous pardonne, à vous aussi, vos fautes.» Mata Hari a un sourire triste : «Puisque vous insistez, ma s?ur, dit-elle, je pardonne.» Le fourgon s?arrête au polygone de tir de Vincennes. Mata Hari descend et recule à la vue du poteau dressé sur une bute et des douze soldats, debout, fusils en bandoulière. La jeune femme se retourne vers la religieuse et lui dit : «Mettez-vous sur le côté droit, c?est par là que je regarderai !» Elle refuse qu?on lui place un bandeau sur les yeux. Le peloton avance et se met en position de tir. L?officier qui le commande lève son sabre, puis l?abaisse, donnant l?ordre de tirer. Mata Hari envoie un baiser aux soldats. Il y a une salve, Mata Hari s?écroule. Comme le corps ne sera réclamé par personne, il sera légué à la faculté de médecine de Paris. Aujourd'hui, près de quatre-vingt-dix ans après l?exécution, on se pose la question : pourquoi Mata Hari a-t-elle été tuée ? Pour avoir livré des secrets? de Polichinelle, disent la plupart des chercheurs qui ont étudié l?affaire. Les preuves produites contre elle sont bien minces : même si elle a espionné en faveur des Allemands, elle n?a pas pu leur donner des informations importantes. Et il est fort possible que les informations lui aient été arrachées, à son insu, par ses relations allemandes. Tout ce dont elle pouvait être passible, c'était d?une peine de prison. Mais Mata Hari a eu la malchance d?être jugée dans une conjoncture défavorable : l?année 1917 a été particulièrement dure pour l?armée française, qui a subi une sanglante défaite sur le Chemin des Dames. Des mutineries avaient éclaté çà et là, les soldats refusant d?aller se faire tuer. Les autorités ont mis cette situation désastreuse sur le compte des espions et appelé la population à rester sur ses gardes. Mata Hari est toute désignée pour servir de bouc émissaire? En 1949, le procureur Mornet, qui a pourtant envoyé Mata Hari à la mort, avouera au cours d?une émission radiophonique : «Il n?y avait pas dans le dossier, de quoi fouetter un chat !» Quant à Hans Henning, dans son Histoire de l?espionnage, il écrit : «La danseuse Mata Hari a subi son supplice alors qu?elle était absolument innocente. Autour de cette femme se sont construites les plus folles légendes.» Les archives du procès n?ont toujours pas été rendues publiques, mais on craint que le dossier ne soit vide?