Une conférence internationale sur l'analphabétisme et les moyens d'éradication de ce fléau sera organisée prochainement à Alger. Celle-ci verra la participation d'un grand nombre d'experts internationaux et de spécialistes de pays arabes. Cette annonce a été faite hier par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, lors de l'ouverture des travaux de la journée d'étude sur l'analphabétisme. Des représentants de différents départements ministériels, d'organismes spécialisés, de centres de recherche, d'associations et d'organisations internationales œuvrant à la promotion de l'alphabétisation ont pris part à cette activité qui s'est déroulée à l'hôtel Mouflon d'or de Ben Aknoun. Les participants ont débattu, en plénière et par la suite en ateliers, des moyens d'identification des meilleures formes de participation et d'association des différents partenaires pour la mise en place de la stratégie nationale d'alphabétisation. Dans son intervention, M. Benbouzid a indiqué que depuis l'indépendance jusqu'à ce jour de multiples efforts ont été consentis pour la lutte contre le phénomène d'analphabétisme. Il dira à cet effet que le taux d'analphabètes au lendemain de l'indépendance était de 85% et, en 2002, ce chiffre a sensiblement baissé pour atteindre les 26,5%, soit 7 millions de personnes analphabètes recensés par l'Office national des statistiques (ONS). Toutefois, nul ne peut contester que ce chiffre est alarmant et que la population de 1962 n'est pas égale et similaire à celle actuelle... Le ministre de l'Education lui-même n'a pas nié cet état de fait puisqu'il a soutenu que le chiffre de 7 millions d'analphabètes est un nombre important et une réalité inacceptable. Cependant, il s'en défend en imputant cette situation à la non-exploitation des potentialités existantes en Algérie en matière de lutte contre l'analphabétisme. M. Benbouzid a reconnu que « toutes les expériences qu'a connues le pays dans sa lutte contre ce phénomène depuis la première campagne menée en 1963, puis dans les années 1970, 1980 et 1990 n'ont pas porté les fruits escomptés », qui explique que « ces initiatives leur ont permis de conclure que la raison principale de la disparité enregistrée entre les résultats obtenus et les objectifs tracés réside dans la non-exploitation des capacités nationales et surtout à cause de l'absence d'un plan national global efficace en la matière ». Il précisera que cette situation - du moins négative - ne doit pas nous faire occulter les efforts fournis par les pouvoirs publics au plan de la gratuité de l'enseignement et aussi pendant les cinq dernières années. Il évoquera à ce propos le déploiement des annexes de l'Office d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes, la mise en place de la base pédagogique de l'action d'alphabétisation en installant le conseil pédagogique et l'élaboration d'un cadre de référence des programmes officiels dans le domaine. Par ailleurs, un plan d'action à long terme a été élaboré par les responsables de l'éducation nationale afin d'éradiquer ce fléau. Il est prévu dans ce contexte la réduction de 50% le nombre actuel des analphabètes, et ce, à l'horizon 2015. Il sera ainsi tenu de la disparité géographique (urbain/rural) et des écarts entre les deux sexes. La mise en œuvre de la stratégie nationale d'alphabétisation requiert, selon M. Benbouzid, un dispositif qui repose sur un triptyque composé de structures d'encadrement, de partenaires - qui sont, entre autres, les analphabètes qui seront associés à tous les niveaux de décision - et du financement. Sur ce dernier point, l'orateur a relevé que l'Etat prend en charge toutes les dépenses imputables aux programmes annuels d'alphabétisation et l'ouverture d'un fonds pour la promotion des activités d'alphabétisation qui sera alimenté en partie par le budget de l'Etat et complété par diverses contributions, dont une quote-part prélevée sur la taxe de formation professionnelle continue et sur les crédits destinés à la formation des travailleurs. En outre, les populations prioritaires sont la tranche d'âge comprise entre 10 et 44 ans et un intérêt sera accordé à la femme et aux populations des zones rurales.