Les Américains n'ont pas inventé le football, même si une partie de leurs ancêtres vient de Grande-Bretagne là où le ballon rond moderne a pris forme et vie. Pourtant, les Yankees ont été demi-finalistes lors de la première Coupe du monde en 1930 en Uruguay puis huitièmes de finalistes quatre ans après en Italie. En 1950, ils reviennent au Brésil, mais sans succès, ils ne passeront pas le premier tour. Cloîtré dans les universités et écrasé par l'hégémonie des autres sports rois que sont le football (le cousin du rugby car le football que le reste de la planète pratique est appelé Soccer), le base-ball et le basket-ball. Ce n'est qu'au début des années 70 que les Etats-Unis décident de mettre le paquet pour implanter ce sport en faisant venir les grosses stars de l'époque, telles que Pelé, le précurseur, Beckenbauer, le Kaiser, ou Cruijff, l'ange volant. Aidé dans cela par les communautés étrangères, notamment hispaniques, de plus en plus nombreuses, le Soccer devient professionnel dans les années 90 avec la mise en place de la NSL (North Soccer League), le championnat officiel américain. Dans son sillage, la sélection ne ratera aucun rendez-vous mondial depuis 1990 et atteint même les quarts de finale lors de la précédente édition en Corée et au Japon. Mais malgré tous ces efforts, l'Amérique semble encore loin de la vieille Europe, dépositaire du jeu et du reste. Hier, les coéquipiers de Landon Donovan ont mesuré le fossé qui les sépare encore de l'Europe en essuyant un cinglant (3 à 0) face aux Tchèques. Hier également, d'autres footballs lointains ont joué. Le duel du Pacifique entre le Japon et l'Australie, malgré la distance qui les sépare (3 000 km), a ramené un autre parfum, d'autres styles, même si ces deux nations veulent s'affirmer sur la scène mondiale en empruntant des chemins différents Les Japonais, plutôt techniques et agiles, ont un penchant pour le foot brésilien dont le sélectionneur n'est autre que le grand Zico, alors que les Australiens, eux, préfèrent le cocktail européen, un mélange mi-latin, mi-anglais, voire mi-slave. Et comme presque tous les continents ont joué hier, il y avait l'Afrique et ces Blacks Stars du Ghana, attendus depuis très longtemps à ce rende-vous mondial, mais dont le chemin a été plus long que prévu apparemment. Pourtant, chez les jeunes, les Ghanéens ont été déjà champions du monde, mais à un étage au-dessus les portes étaient fermées pour eux. Le Ghana a fait bonne figure face à la redoutable Italie qui se retrouve une nouvelle vie en ce moment malgré les vents de corruption qui la secouent et qui font rappeler le triste Totonero de 1982, année où ils ont été — tiens, tiens ! — champions du monde. L'Afrique n'est pas loin de l'Europe, elle s'y accroche toujours en affectant ses meilleurs éléments, mais, elle aussi, ne parvient pas à se frayer ce chemin de la gloire. Ses trois représentants, entrés déjà en lice, ont été battus, restent aujourd'hui le Togo qui fait sa crise de nerfs et la subtile Tunisie qui rencontrera l'Arabie saoudite demain pour tenter de prouver qu'il n'y a que l'Amérique qui reste loin.