Caractéristique n Toutes les peintures que Zohra Sellal imagine, et qui sont exposées actuellement au Musée des Beaux-Arts, constituent une nomenclature d'impressions. L'exposition, une rétrospective, un panorama pictural retraçant son parcours artistique, mettant notamment l'accent sur une carrière ô combien féconde, comprend près d'une centaine de tableaux réalisés en technique mixte, en pastel à l'huile, en acrylique sur toile ou encore à l'encre. Outre cette diversité dans la manière de produire une peinture, l'observateur relève également une façon plurielle d'imaginer le contenu du tableau. Autant de techniques et de sujets qui articulent l'art de Sellal. Un art relevant d'une expression pétrie par un onirisme coloré et relevant du merveilleux. Cette conscience est inspirée de mythes ; ces récits légendaires sont érigés sur un fonds de connaissances, de vécu. Ils traduisent diverses expériences tant affectives qu'effectives. Il y a dans chacune des peintures une représentation du sujet humain. Mais cette apparence est sous forme de silhouettes étrangement camouflées derrière une sorte de voile, de rideau transparent qui laisse entrevoir un semblant de formes, accroissant l'anonymat de chacune et jetant sur leur personnage une aura de mystère en vue de leur conférer cette dimension énigmatique qui relève du mythe. Ainsi, toutes les peintures que Zohra Sellal imagine constituent une nomenclature d'impressions. Ce sont des visions, des songes qu'elle cultive dans son mental pour ensuite les projeter. Dans Danse du fond des âges, une silhouette indistincte apparaît comme par enchantement dans un décor inspiré par le rêve, puis d'autres font incursion dans cet espace qui n'est autre que la transposition d'un imaginaire débridé, se mettant ainsi à danser, à adopter des figures corporelles empreintes de sensualité, des graphies fines, lascives. Elles dansent comme dans un cérémonial liturgique ; comme des prêtresses des temps anciens, des temps païens, elles invoquent avec leur corps en émoi et qui se veut accueillant au divin, des prières charnelles. Elles s'adonnent à cette divinité de la chair qu'elles vénèrent dans la nudité de leur corps, et dans cette nudité concupiscente, elles entrent en transes dans une errance exaltante, affriolante, comme pour s'approcher intimement de l'idole de l'orgiaque, la consommer dans cet affolement, cette anarchie du désir. Si les peintures de Zohra Sellal revêtent cet aspect mythique, engendrent des effets d'ombres et de silence, c'est parce que leur contenu est foncièrement inspiré des peintures rupestres du Tassili et de l'Ahaggar. Elle s'en inspire pour dire son subconscient et son imaginaire.