Rétrospective n Des peintures de l'artiste peintre Bachir Yelles, figure de proue de l'histoire de la peinture algérienne contemporaine, sont exposées au Musée national des Beaux-Arts. L'exposition se veut, par son contenu, une rétrospective de la carrière de l'artiste. Le visiteur – amateur ou connaisseur – peut s'attarder sur chacune des peintures présentées. Les peintures retracent le travail artistique et l'imaginaire pictural du peintre. On peut alors s'intéresser à l'une d'entre elles, à l'exemple de Scène de campagne. Cette peinture de style figuratif – un figuratif cependant effacé, quelque peu imperceptible, puisqu'on ne perçoit que les formes et les contours des corps représentés et de couleurs tendres et virant vers le pastel – met en scène un homme debout, entouré de femmes, portant chacune un fardeau. La halte est une autre peinture dont la scène se déroule au bord d'un ruisseau : le patrimoine matériel de Tlemcen dont l'artiste est originaire, tel que Mansourah ou La mosquée de Sidi Bellahcen, figure au centre de sa création et de sa poétique picturale. La Fileuse est une autre peinture sur laquelle le visiteur peut s'attarder pour l'examiner et l'apprécier à sa juste valeur artistique. A toutes ces créations viennent s'ajouter d'autres, à savoir les timbres-poste qu'avait réalisés l'artiste et sur lesquels figurent, à titre d'exemple, des personnages portant des vêtements traditionnels, représentant la diversité géographique et culturelle de l'Algérie. Ce qui est frappant, dans un premier temps, dans les peintures de Bachir Yelles, c'est bien l'atmosphère qui s'en dégage : l'univers pictural qu'il crée et cultive est «soigneusement tamisé, ses tonalités évoquent douceur et discrétion». Et ce qui est frappant, dans un deuxième temps, ce sont les couleurs qui, tantôt éclatantes, tantôt pâles, constituent merveilleusement un contraste chromatique. Un critique, Fernand Arnaudiès, a écrit : «L'éclat des couleurs, les contrastes souvent heurtés mais jamais dissonants, l'heureuse synthèse des formes, ajoutent encore un caractère singulièrement expressif.» Ce qui est aussi saisissant dans le travail de l'artiste, c'est que ses peintures «révèlent un art qui ne se cristallise pas, mais qui cherche à travers même la variété des sujets et des scènes, son unité et son originalité». L'art de Bachir Yelles, à mi-chemin entre l'abstrait et le figuratif, se distingue par «une expression authentique d'un tempérament», une expression marquée par la pureté des couleurs, la sobriété des formes ainsi que par l'intensité, la beauté et la poésie du sujet abordé. La force créatrice de l'artiste réside dans cette capacité de s'exprimer «sobrement avec une belle spontanéité d'émotion, avec une logique constructive qui fait [d'ailleurs] le charme réel de son œuvre.» Porté sur la musique, le théâtre et le dessin dès son jeune âge, l'artiste Yelles a assuré la direction de l'Ecole nationale des Beaux-Arts de 1962 à 1982. Il a fondé l'Union nationale des arts plastiques en 1963. Yelles Chaouch Bachir a, en outre, contribué à la conception de plusieurs infrastructures à l'instar de Maqam Echahid (Sanctuaire du martyr), le Palais de la culture, la mosquée de l'Emir Abdelkader, le siège de la Banque d'Algérie, la Cour suprême et le siège des archives nationales.