Quels mots allons-nous chercher encore, quels qualificatifs peut-on dresser le long de phrases tout d'un coup devenues difficiles à allonger pour évoquer Zinedine Zidane, rien que son parcours dans cette Coupe du monde, son apport, ses adieux au football lors d'un jubilé géant qui sera le sien. Aucun autre joueur avant Zizou n'a eu droit à ce privilège : jubiler le jour d'une finale de Coupe du monde ; avec au bout ce geste que tous les footballeurs rêvent d'accomplir celui de brandir le trophée de cinq kilos et quelques poussières d'or, sculpté en 1971 par l'Italien Silvio Gazzaniga. Géant ! L'homme, par essence, aime les contes de fée et Zidane vient d'en offrir un à toute la planète qui, en trois matchs, deux coups de rein, un sombrero, deux buts, quelques gestes de magie, l'a mise à ses pieds. Subjuguée par la classe du footballeur, la grâce de l'artiste et l'humanisme d'un homme. D'un coup de baguette magique, Zidane réussit à effacer les doutes et les suspicions des médias français à la veille de ce Mondial sur son état physique et ses capacités de conduire les Bleus, de faire oublier les matchs nuls et les incertitudes des matchs contre la Suisse et la Corée du Sud et cette absence contre le Togo. Ressuscité comme un messie après une ultime prière dans un vestiaire, Zidane se métamorphose et canalise les pulsions d'une équipe survoltée, du coup retrouvée et conquérante. Comme un chef guerrier qui respecte ses adversaires, il embrassa, avant la mise à mort, Raul, Ronaldo et Figo, des frères qu'il fréquenta, il y a si peu, dans l'un des plus grands clubs au monde. Oui, parce que Zizou ne pouvait évoluer que chez les grands. Ce soir, vers 19 heures, il croisera le chemin de ses amis italiens chez lesquels il a vécu cinq longues années de sa belle vie de footballeur. C'est dans ce pays, chez une vieille Dame, la Juventus, aujourd'hui menacée de disparaître dans les profondeurs du Calcio pour une sombre histoire de magouilles à grande échelle, que Zidane a fait ses premiers grands pas de géant. C'est dans ce pays qu'il apprendra à suer, qu'il se forgera un mental de gagneur, qu'il se moulera dans la rigueur tactique et la maîtrise de soi. Zizou embrassera, encore une fois, son ami Del Piero, mais aussi le capitaine Cannavaro, soit d'ultimes morsures avant le sacre. Un sacre espéré bien sûr, pour récompenser le meilleur joueur au monde que désormais quatre-vingt-dix minutes nous séparent de son départ. Plus qu'un match et Zizou rejoindra le panthéon des géants qu'ont été avant lui les Pelé, Maradona, Beckenbauer et autre Ronaldo. Plus qu'un match et on ne reverra Zizou l'Algérien que dans des films retraçant le passé ou lors de matchs caritatifs, voire les jubilés des autres. Car le sien il l'aura ce soir et il risque d'être grandiose à la hauteur de cette légende. Alors, adieu Zizou et merci pour tout.